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Les 400 Culs

Soleil, sexe et schizophrénie : en Grèce, le cinéma des trois S

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Surnommé «cinéma SSS» (soleil, sexe, souvlaki), le soft-porn grec flirte avec la réclame pour agence de voyage. Que cache cette imagerie de carte postale ? Le dernier numéro de la revue «l’Insatiable» explore les dessous d’une industrie schizophrénique.
«Matomeni yi» (Bleeding Earth), film d’Omiros Efstratiadis, 1967. (DR)
publié le 9 mars 2024 à 14h06

En Grèce, le souvlaki est une brochette grillée, indissociable des vacances au bord de mer. L’expression «Soleil, Sexe, Souvlaki» est d’ailleurs synonyme des films d’amour à la plage, qui fleurissent après la chute de la dictature des colonels, en 1974… Faut-il s’en réjouir ou le déplorer ? Au moment même où le pays s’ouvre à la liberté, les productions pour adultes prennent des allures de publicité touristique : les histoires sont frivoles et mettent en scène des héroïnes sans complexes, dont la plupart sont interprétées par des actrices françaises ou allemandes. Ce cinéma superficiel, dénué d’enjeu, déconnecté de la réalité, se fait alors le reflet d’une «globalisation» dont les tours operateurs vont prendre le relais, jusqu’à l’excès. «Peut-on encore parler de cinéma grec ?» se demande Jacques Spohr, concernant ces bluettes sexuelles, qui prennent pour cadre des sites idylliques et se terminent toujours sur des happy ends. Créateur de l’Insatiable – une revue d’anthologie consacrée à l’histoire des films d’exploitation –, l’archiviste français Jacques Spohr se penche sur l’envers du décor dans le numéro n°6, qu’il consacre à une figure majeure du cinéma pour adultes : Omiros Efstratiadis.

L’odyssée d’Homère… Efstratiadis

Réalisateur né en 1938, «Homère» (traduction en français d’Omiros) Efstratiadis compte à son actif pas moins de 109 films dont l’immense variété reflète en miroir l’histoire du cinéma grec pour adultes. Sa carrièr