Chaque semaine dans les «400 culs», Agnès Giard, anthropologue rattachée à l’université de Paris Nanterre, spécialiste du Japon, passe les discours et les pratiques sexuelles contemporaines au crible d’une analyse sceptique et distanciée, nourrie par les dernières recherches en sciences humaines et sociales.
C*l, fe$$es, penls, vag1, n0kap0t… Pour éviter la censure, de nombreux mots sont modifiés sur les réseaux sociaux, à une vitesse exponentielle. Leur orthographe change de plus en plus vite, générant l’apparition d’une langue nommée «algospeak». Mot-valise composé d’algorithme et de speak (parler), il est notamment utilisé par les créatrices de contenu pour adultes, qui en renouvellent constamment le vocabulaire. L’enjeu est vital : il s’agit, pour elles, de se faire connaître, sans «fâcher» les algorithmes de TikTok, Twitch ou Instagram.
Pour l’anthropologue Eléonore Haddioui, autrice d’une enquête dans le milieu porno amateur (1), ce petit jeu du chat et de la souris pose problème : «La liste des mots associés à du contenu érotique ne cesse de changer au fil d’ajustements opaques, dit-elle. Par ailleurs, beaucoup de ces mots bannis relèvent du vocabulaire commun. Certains d’entre eux –