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Les 400 culs

«Thirst trap» : la désaffection grandissante pour ces hommes aguicheurs sur les réseaux

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Pour augmenter leur audience, beaucoup d’influenceurs se sexualisent, en usant de stratégies empruntées aux sites de drague. Ces techniques, appelées «piège à soif» en français, reçoivent un accueil de plus en plus mitigé.
Pour la chercheuse Delphine Chedaleux : «Ces vidéos [de thirst trap] mettent surtout en avant des corps musclés, conformes aux standards prônés par certains programmes de développement personnel à la sauce masculiniste.» (Robert Recker/Getty Images)
publié le 15 février 2025 à 11h30

Chaque semaine dans les «400 culs», Agnès Giard, anthropologue rattachée à l’université de Paris Nanterre, spécialiste du Japon, passe les discours et les pratiques sexuelles contemporaines au crible d’une analyse sceptique et distanciée, nourrie par les dernières recherches en sciences humaines et sociales.

Ils sont jeunes, ils sont beaux, ils sentent bon les pectoraux. Sur Instagram et, surtout, TikTok, les beaux gosses rivalisent dans l’art d’allumer leurs fans. Dans des posts destinés à vendre leurs contenus (généralement : manger une glace, enfourcher un vélo, marcher dans la rue ou aller en boîte, mais toujours en mode «regardez comme je suis beau»), ils s’exhibent torse nu ou se cambrent de trois quarts fesses avec des mines lascives. But : causer l’équivalent d’une déshydratation érotique. «Je vous donne soif ?» L’expression «thirst trap», littéralement «piège à soif», désigne les images sexy, postées sur les réseaux sociaux, en vue de susciter une envie, voire une frustration sexuelle.

Les pratiquants du thirst trap, généralement issus de la génération Z (nés entre 1995 et 2010), rivalisent d’audace pour attirer l’attention. De façon paradoxale, ces publications leur font une énorme publicité mais pas forcément positive. Un nombre croissant de femmes dénoncent ces images comme du «contenu non désiré», voire pire : une nouvelle forme de harcèlement sexuel. Comment comprendre ce reto