Béatrice Denaes est née une seconde fois à l’âge de 62 ans. La première fois, en 1956, on lui a attribué le genre masculin. Une assignation qu’elle a toujours refusée intérieurement. «Petit Jésus, fais que je sois une fille», récite-t-elle enfant, les mains tournées vers le ciel. Mais ses prières du soir tardent à être entendues. «Dans les années 1960, on ne parlait pas de transidentité, regrette-t-elle. Je ne savais pas pourquoi je me sentais fille dans un corps de garçon, donc j’ai dû assumer un côté masculin, tout en essayant de “survivre” : dès que je le pouvais, je m’habillais en fille. En cachette.»
A la cinquantaine – une carrière de journaliste, un mariage avec sa femme Christine et deux enfants plus tard –, la crise devient existentielle. «Je ne souhaitais pas mourir dans ce corps qui n’était pas le mien», explique-t-elle. Le 13 février 2019, son vœu est exaucé. Par la médecine plus que par les cieux. Après une vaginoplastie – une opération qui permet de créer des parties génitales féminines –, son corps et son esprit sont finalement réunis. Les premiers mots qu’elle perçoit au réveil sont ceux d’une infirmière : «Madame, ça va ?» Hier comme aujourd’hui, la réponse reste identique. «Je n’ai jamais été aussi heureuse d’être enfin moi-même», s’extasie-t-elle, le sourire à hauteur de sa boucle d’oreille.
«Maintenant je me plais»
Comme Béatrice Denaes, après 50 ans, des personnes font leur coming out trans – c’est-à-dire annoncent ne pas s’identifier au g