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Les 400 culs

Yuji Susaki : les voyeurs sont-ils des voyants ?

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Dans ses livres pop-up pour adultes, qui ne sont imprimés qu’en deux exemplaires, l’artiste japonais exalte l’art du voyeurisme.
Susaki reproduit notamment la célèbre estampe «le Rêve de la femme du pêcheur» qui montre deux pieuvres en train de faire jouir une humaine. (Yuji Susaki)
publié le 22 mars 2025 à 11h06

Chaque semaine dans les «400 culs», Agnès Giard, anthropologue rattachée à l’université de Paris Nanterre, spécialiste du Japon, passe les discours et les pratiques sexuelles contemporaines au crible d’une analyse sceptique et distanciée, nourrie par les dernières recherches en sciences humaines et sociales.

«Attention, ce livre contient des scènes cachées.» Avant d’ouvrir le premier pop-up, intitulé «Editions trou» (Ana hen), Yuji Susaki, 62 ans, prévient : «On peut voir les scènes cachées par des trous, mais certains trous sont eux-mêmes cachés.» Lorsque je le rencontre à Jimbôchô, dans le quartier des bouquinistes, Yuji Susaki frémit d’une excitation contagieuse. Il est venu avec un sac à dos chargé de ses précieux livres. Chaque ouvrage – d’une valeur de 300 000 yens (1 850 euros) – regorge de scènes érotiques loufoques. Ce ne sont plus des livres mais des boîtes remplies de tiroirs dissimulés, des labyrinthes percés d’ouvertures et peuplés de jeunes femmes ou de couples à zieuter sous tous les angles. A la fois designer, photographe et artiste conceptuel, Yuji Susaki s’impose avec ces livres comme un héritier des grands maîtres du trompe-l’œil. Pour lui, l’érotisme n’est en effet rien d’autre qu’un jeu d’illusion. L’illusion n’est d’ailleurs jamais aussi excitante que lorsqu’elle se heurte à des murs. «Dans la pornographie occidentale, les acteurs et actrices miment u