Survoler la France et une quinzaine de sites touristiques sans quitter Paris : c’est l’expérience que propose la start-up française FlyView, fondée par Arnaud Houette, ingénieur dans la pharmaceutique et passionné par le patrimoine. «Survol de la France» consiste en un vol immobile, effectué à partir d’un espace de 1 000 mètres carrés aménagé dans le quartier de l’opéra Garnier à Paris. Pendant vingt-deux minutes, suspendu dans les airs et agrippé aux barres d’un jet pack (réacteur dorsal monté sur vérin), on survole les falaises d’Etretat ou la petite Venise à Colmar, on glisse entre les arches du pont du Gard, on plane au-dessus de l’abbaye du Mont-Saint-Michel tout en frôlant la statue de l’archange, avant d’atteindre le massif du Mont-Blanc, à plus de quatre mille mètres d’altitude. L’illusion tient à un élément décisif : un casque de réalité virtuelle.
Hall d’aéroport
On se présente à FlyView, curieux et angoissé – la faute à une ancienne et tenace peur du vide. Le hall d’entrée ressemble à celui d’un aéroport : desk d’information, banquette bleu ciel, rampe métallique, agent d’escale en uniforme, boutique de souvenirs et panneau d’affichage avec l’heure des prochains embarquements. En bas de l’escalier mécanique, une hôtesse accueille les visiteurs.
Lumière tamisée, écrans lumineux, musique d’ambiance… Sur une estrade, un steward expose les consignes de sécurité : attacher sa ceinture, ne pas hésiter à retirer le casque pendant le vol si on ne se sent pas bien. On passe dans la pièce suivante pour le décollage. Une vingtaine de «jet packs», ces machines qui vous emportent virtuellement dans les airs, attendent leurs passagers, entre les marquages au sol jaune et noir, balisage lumineux de néons rouges et bleus au plafond.
Vue à 360°
Ceinture bouclée, casque ajusté sur le visage, nous voilà prêt, le compte à rebours est lancé. Quelques secondes plus tard, debout à bord d’un simulateur de vol, on est téléporté dans l’aéroport futuriste Flyview avant d’être propulsé dans les airs. La soufflerie au-dessus de nos têtes reproduit le souffle du vent, va jusqu’à donner la chair de poule. Pour piloter l’appareil, il suffit d’incliner la tête de gauche à droite et de haut en bas, au fil des séquences en 3D temps réel qui ont été filmées grâce à un drone bardé de caméras – ou à un ULM pour les longs plans séquence. La vue panoramique à 360° et la bande sonore rendent l’immersion totale, avec un sentiment d’évasion sans limite. La France est à nous. Bémol : il sera difficile pour les personnes en situation de handicap d’apprécier le côté sensoriel de l’expérience car les mouvements et vibrations de l’appareil ne sont pas compatibles avec l’installation d’un fauteuil roulant. Mais la mobilité réduite n’empêche pas de survoler l’Hexagone à l’aide du casque de réalité virtuelle, le visage dans le vent.
Cette expérience est une première mondiale ouverte au public depuis le 3 septembre. L’attraction a été coproduite avec le Centre des monuments nationaux et Atout France, organisme chargé de la promotion touristique à l’étranger. Facture : un million d’euros. Une autre simulation de voyage, «le survol de Paris» existe déjà, mais sans le côté pilotage. La start-up propose aussi de découvrir l’Egypte antique, ou «Revivre Notre Dame» (plongée au cœur de la cathédrale avant et après l’incendie) en étant simplement calé dans un siège. Au total, sept millions d’euros ont été investis depuis l’ouverture de FlyView en 2018 et 400 000 visiteurs ont franchi les portes du terminal futuriste. Prix du ticket d’entrée : vingt-deux euros cinquante pour les adultes et dix-neuf euros pour les enfants. Conditions sine qua non : mesurer plus d’un mètre vingt et ne pas avoir le vertige.