Dans Je suis votre pire cauchemar (Albin Michel, 2022), l’autrice afroféministe Kiyémis pose la problématique d’une double peine avec laquelle elle-même compose : être une femme noire et être une femme grosse. Celle qui a signé le recueil de poèmes A nos humanités révoltées (Métagraphes, 2018) interroge les rouages de la mise à l’écart de cette morphologie intersectionnelle tout en livrant un témoignage cinglant, d’une rare franchise. Nourri par de nombreuses autrices afroféministes citées (bell hooks, Audre Lorde, Roxane Gay…), ses convictions et ses contradictions, il apporte un éclairage percutant sur la grossophobie et la «misogynoir» – misogynie envers les femmes noires. De quoi mettre à mal le culte de la femme forcément mince et blanche que Kiyémis baptise la «Sainte Bonasse».
Comment décrire la «fille cauchemar» que vous dites être ?
Cette figure, grosse et noire, est le pire cauchemar des personnes minces. J’irai même plus loin : elle est le pire cauchemar des personnes minces et b