La foire du trône à l’Unesco ! L’organisation internationale a inscrit ce mercredi 4 décembre la «culture foraine» sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’humanité, à la suite d’une demande franco-belge. L’organisation internationale reconnaît «un mode de vie itinérante» riche en traditions et des fêtes foraines fédératrices. Pour l’Unesco, la culture foraine «est un élément fédérateur pour des milliers de personnes et la fête foraine constitue un évènement important qui permet de se retrouver en famille et entre amis. Elle promeut la paix et la cohésion sociale en créant un espace où divers groupes et communautés peuvent se rencontrer».
Le dossier, porté conjointement par la France et la Belgique, était présenté à l’occasion de la 19e session du comité intergouvernemental pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel. Il se tient jusqu’à samedi à Asunción au Paraguay. Steve Severyns, secrétaire général de l’association La Défense des forains belges, qui fait partie du groupe ayant œuvré pour la demande d’inscription, s’est enthousiasmé de cette décision : «Cela signifie beaucoup pour ma communauté en France et en Belgique. Tout ce travail […] nous a vraiment permis de nous pencher sur l’histoire et l’évolution du mode de vie des forains, de ses particularités et de la dimension culturelle de la tradition.».
«La communauté foraine rassemble toutes les générations des familles qui la composent, soit 50 000 personnes en France et 7 000 en Belgique», ainsi que «de manière temporaire, des monteurs et aidants saisonniers», selon le dossier de candidature, qui détaille toute l’histoire.
Une longue tradition remontant aux foires médiévales
Les fêtes foraines et leurs attractions voyageant de ville en ville selon un calendrier donné, de février à novembre. Elles sont issues «d’une longue tradition remontant aux foires médiévales», tandis que «la forme actuelle s’est développée à la fin du XIXe siècle». On y trouve «stands de nourriture (confiseries, friteries), jeux d’adresse et de hasard ainsi que manèges traditionnels et modernes (carrousels, grandes roues, montagnes russes)».
Émile Zola décrit ainsi une «ducasse» typique - le nom alors donné aux fêtes foraines dans le Nord - dans un chapitre de son roman Germinal en 1885. Des classiques de la fête foraine comme les manèges, autos-tamponneuses ou barbes à papa apparaissent dans de nombreux films.
Paris compte un musée des Arts forains, dans le XIIe arrondissement, qui rend hommage à cette culture populaire. La capitale a d’ailleurs été également mise à l’honneur puisque les savoir-faire des couvreurs-zingueurs et des ornemanistes parisiens ont été inscrits au patrimoine immatériel de l’Unesco.
On ne sait pas toutefois si, ce mercredi soir, les artisans et forains vont chanter du Seth Gueko pour célébrer cette double bonne nouvelle : «Patate de forain, tu vas repartir avec deux faux reins /J’t’échange ta montre contre une pêche brûlante.» Voyons-y un hommage à une autre des attractions phares des fêtes foraines : le jeu de force.