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Ça sent pas bon

Le camembert et le roquefort vont-ils disparaître ?

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Des chercheuses du CNRS alertent sur les dangers d’appauvrissement génétique des espèces de champignons responsables de la fermentation de certains formages… Jusqu’à leur possible disparition.

Le Penicillium camemberti, utilisé pour ensemencer les camemberts, est menacé de disparition. (Bloomberg Creative/Getty Images)
ParMarie-Eve Lacasse
Journaliste - Société
Publié le 29/01/2024 à 18h39

L’avenir serait-il sombre au point où nous pourrions être privés de fromage ? Une inquiétante étude, dont se fait l’écho le Journal du CNRS, fait trembler les étals des fromageries (et notre cœur fondant triple crème) : en raison de l’appauvrissement de la diversité de leurs bonnes moisissures, responsable de l’affinage, le camembert pourrait bien être en voie d’extinction. «Cette menace n’est pas à court terme», tempère Tatiana Giraud (1), directrice de recherches au CNRS et responsable de l’équipe Génétique et écologie évolutives à l’université Paris-Saclay, où elle a mené son étude avec la chercheuse Jeanne Ropars. «Mais nous voulons alerter sur les dangers d’une trop grande uniformisation en général des espèces, même s’il n’y a pas de danger dans les mois qui viennent.»

Malgré ces précautions d’usage, le temps compte : le Penicillium camemberti, utilisé pour ensemencer les camemberts, est véritablement menacé de disparition. «Il y a des problèmes en particulier avec cette espèce, qui ne contient qu’un individu, un seul mutant albinos et qui n’arrive plus à produire assez de spores pour l’ensemencement. Il faut alerter dès maintenant sur la durabilité de ces pratiques qui consistent à n’utiliser qu’un seul individu hyperperformant», dit encore la chercheuse.

«Dégénérescence de la souche»

Pour devenir fromages, les laits sont ensemencés par des souches de champignons sélectionnés et correspondant aux cahiers des charges que se sont imposés les industriels, sauf en