L’avenir serait-il sombre au point où nous pourrions être privés de fromage ? Une inquiétante étude, dont se fait l’écho le Journal du CNRS, fait trembler les étals des fromageries (et notre cœur fondant triple crème) : en raison de l’appauvrissement de la diversité de leurs bonnes moisissures, responsable de l’affinage, le camembert pourrait bien être en voie d’extinction. «Cette menace n’est pas à court terme», tempère Tatiana Giraud (1), directrice de recherches au CNRS et responsable de l’équipe Génétique et écologie évolutives à l’université Paris-Saclay, où elle a mené son étude avec la chercheuse Jeanne Ropars. «Mais nous voulons alerter sur les dangers d’une trop grande uniformisation en général des espèces, même s’il n’y a pas de danger dans les mois qui viennent.»
Malgré ces précautions d’usage, le temps compte : le Penicillium camemberti, utilisé pour ensemencer les camemberts, est véritablement menacé de disparition. «Il y a des problèmes en particulier avec cette espèce, qui ne contient qu’un individu, un seul mutant albinos et qui n’arrive plus à produire assez de spores pour l’ensemencement. Il faut alerter dès maintenant sur la durabilité de ces pratiques qui consistent à n’utiliser qu’un seul individu hyperperformant», dit encore la chercheuse.