«Quand les gens voient une photo d’homme nu, beaucoup protestent : “Oh, moi je ne suis pas homosexuel, ça ne m’intéresse pas.” Pour eux, le nu, c’est forcément érotique. Les gens sont devenus incapables de faire la différence entre une image porno et l’expression symbolique d’une vertu (stoïcisme, bravoure, fidélité, etc.). C’est dommage.» Créateur de la galerie éponyme, à Paris, l’expert en photographie ancienne David Guiraud s’évertue depuis de nombreuses années à défendre une vision plus nuancée du corps humain. Au fil du temps, ayant accumulé une immense quantité d’informations et d’œuvres photographiques sur ce sujet mal connu, il a décidé d’en livrer le résultat. Les images vont être révélées au grand public au fil de huit expositions qui s’égrèneront jusqu’en 2025, dans sa galerie du Marais (1), accompagnées chacune d’un catalogue. La première a déjà commencé, se poursuit jusqu’au 23 décembre, elle porte sur un des thèmes clés au XIXe siècle : la distinction entre le nu académique et le nu érotique.
Des photos pour les peintres et les sculpteurs
Ce n’est pas la même chose, explique David Guiraud. «Les photos de nu académique font l’effet d’une véritable révolution en Europe. On les reconnaît aisément : le modèle n’a pas d’érection, il est photographié sur fond neutre et il adopte une posture en tension, qui fait ressortir le volume des muscles.» Ces images-là répondent à une forte demande car elles permettent aux étudiants de s’entraîner au croquis