A la fin des années 80, certaines lesbiennes commencent à «mettre le paquet». Elles jouent au mauvais garçon, se touchent entre les jambes et font semblant d’en avoir, histoire de faire passer le message : «J’ai les crocs.» Leur pratique s’appuie sur l’usage de packers, des outils pour créer un renflement dans la braguette. Les premiers packers sont faits maison avec des chaussettes roulées en boule. Pour améliorer l’effet de réalisme, des bricoleuses mettent au point des «gaks», en gonflant des préservatifs d’air ou, mieux, en les remplissant de gel pour cheveux ou de lubrifiant. Les gaks les plus sophistiqués contiennent un mélange de colle blanche et d’émulsifiant (du borax) préalablement mélangés avec de l’eau chaude. Inconvénient : les gaks explosent ou se mettent à fuir quand on joue avec. Ce qui donne l’idée à certains fabricants de lancer des packers en élastomères, c’est-à-dire des saucisses molles, couleur chair, qu’il faut glisser dans un slip spécialement conçu avec une poche intérieure située sur le pubis.
«Tu veux de la testo ? J’en ai plein»
«A cette époque, le packing concernait les butchs [lesbiennes aux allures de garçon, ndlr] et c’était une façon provocante de signifier qu’on voulait du sexe, en détournant les codes de la séduction masculine : “Tu veux de la testo ? Tâte, j’en ai plein.”» Pour Manuela Kay, activiste LGBT née en 1964 en Allemagne, cheffe de file de la communauté lesbienne à Berlin, créatrice des deux revues phare