En repas de famille, une règle prime. Eviter d’ouvrir toute brèche politique face à cet oncle raciste ou cet aïeul réac. Mais à l’heure où le vote frontiste a submergé la France, les pistes sont brouillées. Tout à coup, c’est cette tante peu politisée jusqu’alors, poussée par on ne sait quelle force occulte, qui s’est lancée dans une tirade anti-immigration, ou ce cousin désormais en âge de voter, qui fait éclater au grand jour sa sympathie pour Jordan Bardella. Thomas (1) le sait. Depuis les résultats des élections européennes et l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale le 9 juin, en famille, esquiver la conversation politique est presque devenu une question de survie. Malgré sa vigilance, c’est au dessert que le sujet s’est invité. Venu dîner chez des amis de ses parents pour fêter la réussite scolaire de leur fille, Thomas, 18 ans, chope les premières bribes du débat alors qu’il est inst