Cet article est tiré du Libé des solutions, en kiosque du 30 décembre au 1er janvier 2024. Retrouvez tous les articles de ce numéro spécial ici.
Nassim Benoussaid a 33 ans et vit en chaise roulante depuis une vingtaine d’années. Directeur e-commerce et cofondateur de Flemar, il est atteint d’une myopathie. Lorsque l’hiver et son manteau blanc couvrent nos rues, il grelotte plus que la moyenne. Parce qu’il reste assis toute la journée, sa circulation sanguine n’est pas optimale. «J’ai rapidement froid aux extrémités. Mes bras et mes jambes sont très froids. C’est dur de les réchauffer», détaille l’entrepreneur qui commercialise depuis 2019 les chaussons Flemar, en Belgique et en France, avec ses deux associés, Guillaume Hansart et Maxime Van Steenberghe. Les pantoufles sont fabriquées de façon artisanale à partir de laine d’alpaga, une matière chaude et très douce provenant de petites fermes indépendantes de l’Altiplano, au Pérou, sans fibre synthétique ni plastique.
Pour Nassim, Maxime et Guillaume, tout commence dans la cour de récréation à Louvain-la-Neuve, en région wallonne. «J’ai 12 ans, quand je rencontre mes futurs associés. Je suis déjà en fauteuil roulant, nous nous lions d’amitié à ce moment-là. Mes deux amis ont été sensibilisés à ma maladie.» En 2018, de retour d’un voyage au Pérou, Guillaume offre à Nassim une paire de pantoufles rembourrées de laine d’alpaga. Viennent ensuite les premiers prototypes de Flemar. «A la faveur du premier confinement, les recherches sur Internet des chaussons ont augmenté», analyse Nassim Benoussaid.
A partir de 2021, en Belgique, la crise énergétique provoque une augmentation du coût du chauffage. Plus de 5 000 exemplaires de chaussons écoulés plus tard, la marque prévoit de vendre 3 000 paires cet hiver. Nassim Benoussaid est bien décidé à en faire profiter le plus grand nombre, tout en veillant à ce que cela bénéficie à des personnes en situation de handicap : toutes les quinze paires vendues, des chaussures sont offertes à une personne à mobilité réduite. «Les gens peuvent s’inscrire sur notre site et il y a une file d’attente d’une centaine de prétendants», détaille Nassim. Sur le plan de l’insertion professionnelle, Flemar veille à ce que l’empaquetage des commandes des clients se fasse par des travailleurs à mobilité réduite en Belgique. Animé par une volonté d’encourager les personnes non valides à prendre le leadership, l’entrepreneur envisage de collaborer avec un Esat (Etablissements et services d’aide par le travail) à Lille afin de s’occuper de la logistique des commandes du marché français.