«La première fois que je suis arrivé dans un club de MMA [arts martiaux mixtes], j’avais 16 ans et le style décoiffé. Un type de 120 kilos vient droit sur moi et me demande : “Tu es pédé ?” Je lui réponds : “Je ne crois, je ne sais pas.” Il réplique : “Ici, on veut pas de pédés”. C’était violent.» Sept ans plus tard, Mathis Chevalier (23 ans) tourne dans un court-métrage queer intitulé Mon CRS, dont le titre reprend une chanson peu connue du répertoire d’Annie Cordy : «Moi j’aime un galonné des Compagnies républicaines de sécurité…» C’est l’histoire d’un CRS hétéro-straight qui tombe amoureux d’une femme trans d’origine immigrée.
Réalisé par Marc Martin, le film use volontairement des clichés les plus énormes, accentuant le contraste entre un Roméo blanc, policier, baraqué – incarnation des forces de l’ordre – et une Juliette maghrébine (Othmane), chanteuse de cabaret interlope. A priori, ces deux-là ne sont pas faits pour s’entendre. Comme dans les contes, le film s’achève sur un happy end et le message moral qui va avec : pour vivre heureux, soyons tolérants. Cela pourrait paraître naïf, voire éculé, mais la présence de Mathis Chevalier, dans le rôle du CRS, donne à cette histoire d’amour la dimension émouvante d’une mise en abîme.
Il est en effet loin d’être innocent qu’un champion de sa carrure joue le rôle d’un amoureux de femme tran