Il a 79 ans, il tient sa baraque depuis 1972, solide comme le roc. Il a toujours le noir pour fil rouge. Ses collections sont des variations les unes des autres, étanches à l’injonction toujours plus pressante à la sempiternelle nouveauté qui fera du buzz sur les réseaux. Ses défilés sont lents quand les autres assènent souvent une cadence militaire. Il donne volontiers de la voix (bluesy) dans la bande-son. On pourrait voir dans ces persistances une forme de résistance. Mais Yohji Yamamoto est probablement plus libre que ça, n’en fait juste qu’à son idée, et de fait il nous surprend et nous scie régulièrement. Vendredi 29 septembre, au terme de son défilé sous les ors de l’Hôtel de ville, à Paris, il a été applaudi à tout rompre, et pour cause. Cette collection est empreinte d’un panache poétique bluffant, pleine d’une conviction inébranlable alors que tout tangue alentour et castre l’audace.
Depuis Edith Piaf, on veut croire la fameuse «petite robe noire» pilier du patrimoine français, mais elle a pour maître ce facétieux Japonais qui la décline ad libitum, de préférence en version rebelle. Il la construit et la déconstruit, la tord, la plisse, l’enroule, la taillade, l’effiloche, il la fait longue, courte voire les deux, il la pare de pois et de coutures blancs, il mêle l’opaque et la transparence, les matières, il la simplifie à l’extrême comme il la complexifie au point qu’on se demande comment l’enfiler, c’est ébouriffant. Elle sied à toutes les fil