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Défilés

A la Paris Fashion Week, la sape poids plume s’impose

Les défilés parisiens dédiés au prêt-à-porter féminin du printemps été 2024 arrivent à mi-parcours. Passage chez Issey Miyake, Victoria Beckham et Coperni.
Les défilés Issey Miyake, Victoria Beckham, Coperni.
publié le 30 septembre 2023 à 21h02

Les vêtements d’Issey Miyake se déploient chaque saison dans une danse collective et poétique. La nouvelle collection de la marque, dont les collections femme sont créées par Satoshi Kondo, ne déroge pas à la règle. Cette fois, la troupe est réduite et se déplace en jouant avec une installation en papier washi plié de l’artiste Yoshihisa Tanaka et en contournant un ensemble de musiciens de l’ensemble Ictus dispersés dans une grande salle blanche.

La collection est moins plissée qu’à l’accoutumée (le maître Miyake, disparu en août 2022, en avait fait l’une de ses spécialités), ou alors à la marge. Elle passe de l’ultra moulant de robes tubes agrémentées de cagoules masques en coton à l’ampleur de costumes en lin qui permettent de supporter les fortes chaleurs avec grand chic et s’adaptent dans un cas comme dans l’autre à toutes les morphologies.

Le défilé se compose de plusieurs tableaux, avec toujours une recherche dans les techniques de tissage qui semblent offrir d’innombrables possibilités. Mentions très spéciales à deux séries, l’une présentant des costumes et des manteaux aux proportions démesurées avec épaules carrées et formes angulaires, en version bleu électrique énergisante, noir ou lilas clair. Le vêtement a été pressé ce qui accentue l’effet escompté. Le dernier passage ressemble à s’y méprendre à un hommage à Yohji Yamamoto dans les allures de ces grandes voyageuses auréolées de mystère, et coiffée de turbans portés en cloche. La matière des ensembles faite de fibres naturelles, de papier washi et de lin, mêlée à l’élasticité du nylon, accentue l’effet aérien des ensembles veste pantalon et manteau large.

Passion pour le ballet

De nombreuses maisons sont en quête de transparences produites par des textiles toujours plus légers, adaptés au réchauffement climatique – qui se confirme encore en cette fin septembre plus douce que jamais. Victoria Beckham clôture son défilé avec Kendall Jenner habillée d’un costume large et noir juste souligné de traits blancs, et laissant apparaître bras et jambes.

L’Anglaise, désormais très concentrée sur sa marque de vêtements et sa ligne de cosmétiques (elle sort ces jours-ci une série de parfums), a investi l’un des plus beaux hôtels particuliers de Paris, où a notamment vécu Karl Lagerfeld en tant que locataire et qu’Ali Bongo avait souhaité faire entrer dans son giron avant le coup d’Etat qui vient de le voir quitter le pouvoir gabonais. La collection présentée dans les salons dorés du 51 rue de l’Université (VIIe arrondissement de Paris), devant la famille Beckham et Kim Kardashian, s’inspire en partie de la passion pour le ballet de l’ancienne Spice Girls. On la devine dans une série de bodys et de gilets en maille qui rappelle les répétitions de danse classique et l’emploi du jersey, sur un grand tee-shirt blanc au décolleté profond, une robe ultra-longue anthracite délicatement froncée aux épaules ou un costume gris légèrement bombé.

Portée par le son

Descendre dans les sous-sols de l’Institut pour la recherche et la coordination en acoustique (Ircam, qui a rouvert ses portes il y a quelques mois), voisin du Centre Pompidou, semblait déjà une bonne idée. Le défilé Coperni, désormais très couru par la jeunesse qui s’agglutine à l’entrée du show pour apercevoir une star ou les influenceuses du moment, a bien fait les choses, en termes de scénographie mais pas que. Le show commence par un ballet, celui des 171 panneaux qui comportent trois faces (absorbante, réfléchissante et diffusante).

Là encore, l’envie de ne pas subir le poids du vêtement et de partir le pas léger vers le printemps prochain prévaut. Le duo de Coperni s’amuse avec les éléments du studio, et affuble un blouson en cuir marron d’enceintes (de la marque Transparent). La nouvelle génération passe sa vie avec des pods dans les oreilles, mais paradoxalement, on voit aussi de plus en plus souvent passer des cyclistes ou de jeunes piétons avec de la musique à fond les ballons. Naomi Campbell passe en costume gris à fines rayures porté sur une chemise vert anis au long col. Elle arbore en guise de broche un nouvel accessoire qui parle de ce qui nous attend dans le futur : Humane est une IA portative qui peut par exemple traduire instantanément ce que dit celui qui la porte.

Sébastien Meyer et Arnaud Vaillant, les fondateurs de Coperni, veulent que leur marque devienne synonyme de mode et de nouvelles technologies. En termes de pur style, la collection est pleine de bonnes idées qu’on a envie de porter : des bodys ultra-échancrés, du tailoring soigné, des couleurs acidulées (vert, jaune, corail très pâle) mêlés à des teintes classiques comme le gris et le noir, des robes à l’esprit lingerie surmontées de fleurs brodées, une chemise mi-denim (les poches, le col, les poignets et la patte de boutonnage) mi-transparente, une collaboration avec Puma carénée au millimètre (avec des bodys aux bretelles en X joliment ajourés à la poitrine, des combis cyclistes, des robes débardeurs).