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Exposition

Au centre Pompidou, mode et art au coude à coude

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Avant sa fermeture pour travaux, le musée d’art moderne ouvre ses galeries à des créations vestimentaires que la journaliste et écrivaine Laurence Benaïm fait dialoguer avec des œuvres de la collection permanente dans «la Traversée des apparences».
Collection printemps-été 2021 de Marine Serre. (Etienne Tordoir Catwalk Picture)
publié le 24 janvier 2024 à 20h33

Il y a cette robe incroyable, signée Comme des garçons, qui a des airs de costume à la Oskar Schlemmer. La pièce présente des proportions démesurées, rondes, noires et blanches, en taffetas. Elle est faussement gaguesque, spectaculaire, et tient comme en lévitation à la façon d’un ballon, coiffée d’un petit chapeau, un haut-de-forme noir et transparent qui a l’air de flotter à son tour. Cette robe de la saison automne-hiver 2021-2022 a été créée pendant la pandémie de Covid à Tokyo par Rei Kawakubo. Elle avait été présentée à Paris au cours d’un défilé plongé dans l’obscurité. La journaliste et autrice Laurence Benaïm, à qui le centre Pompidou donne carte blanche, est venue l’extirper de ses portants pour lui offrir un face-à-face en pleine lumière avec Udnie de Francis Picabia. Cette toile abstraite de près de 3 mètres sur 3 mètres a été peinte en 1913, alors que l’artiste quittait l’Europe pour l’Amérique à bord du paquebot où il observait les entrechats d’une danseuse polonaise. Picabia déconstruit les volumes pour accumuler les formes et noyer le regard, quand Rei Kawakubo les gonfle pour en faire une silhouette enfantine, et une robe finalement impossible à porter.

Le propos de l’exposition est de réunir des esthétiques en toute subjectivité, et d’introduire un dialogue entre des créations parfois majeures de l’histoire de la mode contemporaine et quelques-unes des œuvres de la collection permanente du musée. Benaïm parle d’intime, de rapport au corps, de correspo