Menu
Libération
Cote

Birkenstock entre en Bourse : ça change quoi ?

Fondée en 1774, la marque de chaussures orthopédiques entre ce mardi 03 octobre en Bourse. Si l’annonce ne devrait pas changer grand-chose à court terme pour le consommateur, elle cristallise la stratégie de croissance de la marque.
L'entrée en Bourse est une manière d’accroître la notoriété d’une société, de profiter d’un «gage de sérieux» auprès de l’écosystème (investisseurs, fournisseurs, etc.) qui l’entoure. (Sebastian Gollnow/dpa Picture-Alliance. AFP)
publié le 3 octobre 2023 à 19h03

Un sacré glow-up. D’un côté, Birkenstock, une marque allemande de chaussures orthopédiques créée en 1774 – à l’origine un business de semelles – longtemps associée au touriste portant ses sandales avec une élégance discutable. De l’autre, la même entreprise, désormais prisée par les amateurs de mode du monde entier, qui entre ce mardi 3 octobre à la Bourse de New York.

Pour les consommateurs, l’annonce ne devrait pas changer grand-chose. Du moins à court terme. La paire d’Arizona, un classique de la marque, se vend désormais à des prix élevés : comptez plus de 100 euros pour le modèle en cuir. Selon Pascal Quiry, professeur de finance à HEC Paris, une telle entrée en Bourse peut avoir trois objectifs : «Le premier c’est de trouver des fonds, financer son expansion ou rembourser des dettes, le deuxième de permettre à des actionnaires de modifier leurs investissements et enfin de faciliter l’intéressement des salariés.» De manière plus anecdotique, c’est aussi une manière d’accroître la notoriété d’une société, de profiter d’un «gage de sérieux» auprès de l’écosystème (investisseurs, fournisseurs, etc.) qui l’entoure.

Pour Birkenstock, l’enjeu est d’abord de réussir son entrée. Avec des actions dont le prix a été établi à 44 à 49 dollars (42 à 46 euros) pièce, Birkenstock peut espérer se renflouer à hauteur de 9,2 milliards de dollars, selon un document de la Securities and Exchange Commission, le régulateur américain. Mais les acheteurs seront-ils prêts à y mettre le prix ? C’est l’un des risques selon Pascal Quiry, même s’il rappelle que les échecs cuisants sont rares. Dans le milieu de l’habillement, le groupe SMCP (Claudie Pierlot, Sandro, Maje…), entré en Bourse fin 2017 mais dont l’action s’est effondrée fin septembre.

L’entreprise détenue par le fonds d’investissement L Catterton, associé à LVMH, devra désormais rendre des comptes publiquement, et s’expose aux fluctuations du marché des actions. Pascal Quiry donne l’exemple d’un célèbre distributeur, dont la mauvaise santé économique n’est pas un secret : «Aujourd’hui, ce n’est pas franchement terrible d’être salarié de Casino et de voir le cours de l’action dégringoler en direct, en permanence. Alors que si l’enseigne n’était pas cotée en Bourse, ses difficultés éventuelles seraient moins visibles.»

Enfin, l’entrée en Bourse de Birkenstock serait surtout «une consécration», confortant la stratégie marketing agressive de la marque de ces dernières années et lui permettant de multiplier les investissements, grâce notamment à ces nouvelles liquidités. En témoigne son apparition récente aux pieds de l’actrice Margot Robbie dans le film Barbie qui a propulsé les ventes de la fameuse paire de sandales. Ou encore ses multiples collaborations, comme avec Dior au début de l’été.