En tablier noir posé sur un large sweat à capuche et jean délavé, David Monteiro trône au milieu de carcasses de chaussures de sport. Ce sont ses gueules cassées à lui. A force d’arpenter le bitume des jungles de béton, elles sont usées, déchirées, essorées. L’artisan de 32 ans les retape dans sa boutique Sneakers Atelier près de la porte d’Orléans, dans le XIVe arrondissement de Paris. «Il y a dix ans, j’étais moi-même un collectionneur de chaussures qui surconsommait, aujourd’hui je n’achète plus de chaussures neuves», avance le titulaire d’un double CAP de cordonnier et de bottier. Il poursuit : «Je propose à mes clients de rénover leurs sneakers en me rapprochant au mieux du modèle d’origine et j’essaie d’être le plus soigneux possible afin que la réparation ne se voie pas.»
Chaque jour, 34 millions de paires de baskets sont produites dans le monde, avec à la clé une émission de 14 kg équivalent CO2. L’empreinte annuelle n’est pas moins ahurissante : 174 millions de tonnes de CO2, soit près de la moitié des émissions annuelles d’un pays comme la France, détaille dans Revue Projet la chercheuse française Louise Roblin. «Les clients qui passent devant ma boutique n’en reviennent pas. Ils me demandent : “Mais les baskets, ça se répare ?”», s’amuse David Monteiro. Il