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Libération
Ultra fast fashion

Bruxelles impose un contrôle renforcé au géant chinois Shein pour «protéger les consommateurs»

L’Union européenne a ajouté ce vendredi 26 avril l’application controversée à la liste des très grandes plateformes en ligne soumises à des contrôles renforcées. Les règles supplémentaires s’appliqueront à partir de fin août.
Dans un pop-up store de Shein à Singapour, le 4 avril. (Edgar Su/REUTERS)
publié le 26 avril 2024 à 16h48

La plateforme a quatre mois pour se montrer irréprochable. La Commission européenne a ajouté ce vendredi 26 avril le champion du prêt-à-porter Shein à la liste des très grandes plateformes en ligne soumises à des contrôles renforcés, dans le cadre de la nouvelle législation sur les services numériques (DSA).

L’application bon marché, fondée en Chine en 2012, devient la 23ème plateforme à se voir imposer les règles de l’UE les plus strictes pour «protéger les consommateurs contre les contenus illégaux», a annoncé la Commission européenne dans un communiqué. Elle rejoint ainsi X (ex-Twitter), TikTok, Google, Facebook, mais aussi le géant du commerce en ligne Amazon ou encore son concurrent AliExpress.

Spécialiste de la «fast-fashion», Shein – qui a son siège social à Singapour – est devenu ces dernières années un emblème des dérives sociales et environnementales de la mode à petits prix. Misant sur des produits «tendance», l’application vend ses vêtements exclusivement en ligne, auprès d’une clientèle jeune et très présente sur les réseaux sociaux. Elle revendique chaque mois 108 millions d’utilisateurs de son site dans l’Union européenne, soit nettement plus que le seuil de 45 millions à partir duquel les acteurs peuvent être soumis à la régulation renforcée.

Des amendes pouvant aller jusqu’à 6 % du chiffre d’affaires mondial

Résultat : l’entreprise devra désormais respecter un socle de normes plus importantes, tout comme les 22 autres plateformes. Elles doivent notamment analyser les risques liés à la diffusion de contenus ou produits illégaux – un terme qui comprend tant les produits contrefaits que nocifs. Pour prouver qu’elles se conforment aux règles, les plateformes doivent rendre un rapport annuel à la Commission européenne doit être rendu qui assume aujourd’hui un rôle de gendarme du numérique dans l’Union européenne.

Shein devra aussi mettre en place des mesures «pour protéger les consommateurs contre l’achat de marchandises dangereuses ou illégales, en mettant particulièrement l’accent sur la prévention de la vente et de la distribution de produits susceptibles de nuire aux mineurs», a précisé Bruxelles. Ces obligations s’appliqueront au géant chinois à partir de fin août. En cas de non-respect des règles, Shein pourra se voir infliger une amende allant jusqu’à 6 % de son chiffre d’affaires annuel mondial, voire une interdiction d’opérer en Europe en cas de violations graves et répétées.

«Nous partageons l’ambition de la Commission»

Peu après l’annonce de sa désignation comme très grande plateforme, Shein a affirmé ce vendredi vouloir se conformer aux règles européennes. «Nous partageons l’ambition de la Commission de faire en sorte que les consommateurs de l’UE puissent faire leurs achats en ligne en toute sérénité et nous nous engageons à jouer notre rôle», a assuré Leonard Lin, responsable mondial des affaires publiques de l’application.

Le DSA avait déjà prouvé sa force cette semaine, en imposant à TikTok de suspendre dans l’Union européenne sa nouvelle fonctionnalité TikTok Lite, qui récompense les utilisateurs pour leur temps d’écran. Jugeant le système dangereux, Bruxelles a ouvert une enquête, pointant du doigt des risques d’addiction, notamment pour les adolescents. Elle soupçonne le réseau social, propriété du groupe chinois ByteDance, de ne pas avoir conduit l’analyse obligatoire des risques, en particulier pour la santé mentale des usagers.

Quelques mois plus tôt, en décembre, la Commission européenne avait déjà ouvert une enquête dans le cadre du DSA, cette fois-ci visant le réseau social X pour des manquements présumés aux obligations de modération des contenus. Prochainement, une autre application chinoise de e-commerce, Temu, devrait s’ajouter à la liste des très grandes plateformes en ligne, après avoir annoncé en avril qu’elle comptait environ 75 millions d’utilisateurs mensuels dans l’Union européenne.