La «collab» (collaboration) de mode : au départ (les années 2000) rare et donc excitant, le partenariat entre designers ou marques pour une brève collection (dite «capsule») est devenu d’une banalité à blaser jusqu’à l’aficionado. Pour preuve, le printemps en cours : Marni x Uniqlo, Birkenstock x Manolo Blahnik, Nike x Hello Kitty, Gucci x Adidas, Balenciaga x Adidas, Aries x Fila, bientôt Jacquemus x Nike… L’avalanche est continue, à étouffer toute désirabilité.
Dommage, car si certaines relèvent clairement du seul gimmick marketing, d’autres méritent le détour, constituent de vraies propositions. Celle entre A.P.C. et Lacoste, qui est mise en vente (1) ce mercredi 8 juin, par exemple. Sur le papier, le tandem peut surprendre, façon carpe et lapin : une marque indépendante et têtue, au minimalisme normcore et snob, distribuée à petite échelle (A.P.C., pour Atelier de production et de création), qui s’acoquine avec un poids lourd, totémique et résolument populaire du sportswear (Lacoste, donc, dont le seul polo s’écoule à 4 millions de pièces par an), propriété du holding suisse Maus Frères – également aux manettes d’Aigle, de The Kooples, ou encore Gant.
Le résultat (une quarantaine de pièces) est un vrai mix : les éléments clés de l’un et de l’autre sont bien là (le denim, la chemise immaculée, le kaki militaire pour A.P.C. ; le polo, la casquette, les baskets, le vert sapin pour Lacoste), mais hybridés, avec un échange de flux à la clé : l’épure gagne en coolitude, le confo