«Je fais partie de la dernière génération harlémite à avoir grandi sans épidémie d’héroïne ou crack.» C’est par ce constat glaçant que Daniel Day, alias «Dapper Dan» se présente, au moment d’évoquer sa longue et très personnelle histoire avec l’épicentre de la culture afro-américaine. Il la retrace dans son autobiographie dont la version française, Ma vie made in Harlem, paraît ce jeudi (1). Le styliste autodidacte y brosse, à hauteur d’homme, les grandes lignes de l’histoire étasunienne du siècle dernier dont il est un rescapé (toxicomanie, prison, tentative de kidnapping) et surtout témoin privilégié (grande migration, mouvement pour les droits civiques, Ali versus Forman…) Né en 1944 à New York de parents qui ont fui la ségrégation du Sud, le couturier a posé les bases esthétiques de la culture hip-hop entre les années 80 et 90, en habillant tout d’abord les caïds, puis les rappeurs (d’Eric B. and Rakim à Jay-Z). Ses créations extravagantes recyclent les logos de maisons européennes (Gucci, Louis Vuitton, Fendi…) sans se soucier de leur autorisation ou du code de la propriété intellectuelle. Son objectif, nourri par ses voyages au Congo ou au Liberia : africaniser les marques de luxe en faisant péter couleurs, formes et symboles.
Ouvert en 1982, sur la fameuse 125e rue, le magasin Dapper Dan’s fourgue des fringues confectionnées dans so