Menu
Libération
Interview

Départ d’Alessandro Michele de Gucci : «Avec lui, plusieurs temporalités cohabitent»

Article réservé aux abonnés
Alors que le départ du créateur de la maison italienne a été annoncé ce mercredi, le philosophe Emanuele Coccia, co-auteur d’un livre à paraître avec le couturier, évoque son apport à la mode, qu’il juge «majeur».
Alessandro Michele à la Fashion Week de Milan, le 25 février 2022 (Daniele Venturelli/Getty Images)
publié le 23 novembre 2022 à 22h14

La rumeur du départ d’Alessandro Michele de Gucci, navire amiral du groupe Kering, qu’il a participé à remettre au cœur de la carte fashion, n’en finissait plus de bruisser depuis quelques semaines. C’est désormais officiel, le directeur de la création, né à Rome en 1972, quitte son poste après sept années de bons et loyaux - et clinquants - services. Dès ses premiers défilés à la tête de Gucci, pour l’homme d’abord, en janvier 2015, puis pour la femme dès le mois de février de la même année, Michele a imposé un style gender fluid, vu sur Harry Styles ou Jared Leto, deux proches de l’Italien, et plus récemment sur la Française Clara Luciani, et surtout une vision, portée par une grande maîtrise de l’histoire de la mode et un amour flagrant du vêtement - ce qui n’est pas toujours si évident.

Alessandro Michele n’a finalement connu que deux maisons tout au long de sa carrière : Fendi (groupe LVMH) d’abord, époque Karl Lagerfeld, où il dessinait les sacs et accessoires au côté de Silvia Fendi, et Gucci. Le créateur romain n’a pas seulement redoré le blason, un euphémisme, de cette dernière, joyau du groupe, il a pulvérisé les ventes alors que la marque vivait des années plus que moribondes. Si on le dit partant pour cause de ralentissement des ventes, et pour les mêmes raisons qui ont fait son succès - un foisonnement de références et une excentricité assumée -, Michele laisse une maison qui a besoin de se réinventer et de changer de braquet. Gucci reste la locomo