Nouvelle secousse pour le géant de l’industrie de la fast-fashion. Une vingtaine d’associations européennes de consommateurs a déposé plainte, ce jeudi 5 juin, contre Shein devant la Commission européenne pour «pratiques litigieuses». Entre autres, il leur est reproché, selon le communiqué, le renouvellement incessant de produits ou la mention «stock faible» sans preuve.
Les 25 associations de consommateurs, toutes membres du Bureau européen des unions de consommateurs (BEUC), espèrent avec leur plainte, déposée aussi auprès des autorités européennes de protection des consommateurs, compléter l’enquête déjà menée «en apportant des preuves supplémentaires sur les pratiques litigieuses».
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Cette première enquête avait déjà conduit l’Union européenne à mettre en cause, en mai, le géant asiatique, notamment pour fausses réductions et informations trompeuses sur la durabilité des produits. L’instance européenne a mis en application ses menaces d’amende en proposant d’imposer des frais de 2 euros sur chaque «petit» colis entrant en Europe - actuellement exempté de droits de douane. En 2024, environ 4,6 milliards d’envois de faible valeur (à 91 % en provenance de Chine) sont entrés sur le marché, un chiffre qui a doublé par rapport à 2023 et triplé par rapport à 2022.
Une partie de la France vent debout contre Shein
L’association française de défense des consommateurs et usagers CLCV a également déclaré avoir effectué un signalement similaire à la Répression des Fraudes en France (DGCCRF). «Ces techniques poussent les consommateurs à acheter plus que prévu et alimentent les problèmes environnementaux et sociétaux causés par l’industrie de la fast fashion», alertent les associations plaignantes.
Devant le Parlement français, le climat n’est pas plus apaisé pour Shein, visé par une proposition de loi examinée lundi 2 juin par le Sénat visant à réguler ses pratiques. Très attendu par les associations de défense de l’environnement et des droits humains, le projet de loi prévoyait une interdiction de publicité pour les entreprises de la fast fashion, des pénalités financières, une obligation de sensibilisation des consommateurs à l’impact environnemental de leurs vêtements, etc. Si Shein était évidemment visé, ses concurrents Temu et Aliexpress l’étaient aussi.
Au lendemain de l’examen parlementaire, c’était au tour d’une grande majorité des commerçants français - environ 80 % du secteur - de se faire entendre et de demander au gouvernement le déréférencement des sites tenus par des géants asiatiques. Pas moins de «85 à 95 % des produits proposés sur Temu, Shein et Aliexpress ne respectent pas les normes en vigueur dans l’UE», et notamment en matière de sécurité des consommateurs, ont avancé les plaignants, s’appuyant les enquêtes européennes.
«Shein connaît une popularité croissante auprès des consommateurs européens»
Le principal concerné a estimé, ce jeudi, que «les consommateurs européens seraient mieux servis si le BEUC acceptait de nous rencontrer». L’e-commerçant d’origine chinoise basé à Singapour a redit «travailler de manière constructive avec les autorités nationales de protection des consommateurs et avec la Commission européenne pour démontrer notre engagement à respecter les lois et réglementations de l’UE». Le «refus de dialogue» du BEUC «est extrêmement décevant, d’autant plus que Shein connaît une popularité croissante auprès des consommateurs européens, qui reconnaissent que notre plateforme offre un meilleur rapport qualité prix», a-t-il conclu.
De leur côté, les Etats-Unis ont déjà pris des mesures de rétorsion, instaurant des droits de douane à 120 % en mai, visant les colis venant de vendeurs asiatiques tels Temu, Shein ou Aliexpress, désormais réduits à 54 %.