Le style, c’est l’homme. Et Farid Chenoune avait du style. Un très beau garçon, âgé d’une petite trentaine quand il rejoint Libération au milieu des années 80, un grand brun physiquement prégnant, et surtout paré d’une élégance vestimentaire qui répondait à l’idéal du dandy parisien. C’est-à-dire plutôt tweed que jean avec quelques touches de modernité. Son apparition dans les locaux du journal fit à cet égard sensation, le code vestimentaire masculin dominant, à de rares exceptions, étant alors plutôt abonné au j’m’enfoutisme. «Mais qui est ce type décalé ?» murmurait-on dans son sillage.
Ce «type», mort le 8 novembre des suites d’un cancer fulgurant, était né le 8 octobre 1949 à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine) dans une famille de modeste bourgeoisie originaire de la Kabylie. Son père, Hocine, occupa quelques métiers administratifs, et sa mère, Suzanne Marchellier, était une belle blonde aux yeux bleus originaire du Limousin, qui travailla comme actrice au théâtre et au cinéma. Ce qui faisait dire à Farid Chenoune qu’il était un métis, «même si ça ne se voit pas», précisait-il avec un soupçon de sourire, l’humour n’étant pas la moindre de ses qualités.
A l’instar de son père qu’il disait animé d’une véritable fureur d’intégration, il entreprend des études brillantes qui le mènent jusqu’à l’agrégation de lettr