Rick Owens fait parler la poudre
Rick Owens est possiblement béni des dieux – underground s’entend. Alors que la pluie tombait dru sur Paris dans la matinée de mercredi, elle a complètement cessé quand le défilé du designer américain (qui vit entre Paris et Venise) a commencé, autour de la fontaine en contrebas du Palais de Tokyo, spot de prédilection de ses shows. Dans le même temps, on se dit que des éléments déchaînés auraient encore accentué le côté grandiose de cette salve ponctuée d’explosions (déclenchées à partir de colonnes de fumigènes et de pétards positionnées dans la fontaine) et aiguisée comme la dague.
Des pantalons à taille très haute façon toréador, portés torse nu, aux bottes comme droit sorties d’un magasin orthopédique en passant par les manteaux et blousons fins et aériens comme une bulle, cette collection qui joue sur toutes les nuances de noir et seulement de noir, semble dessinée à l’encre de Chine et dégage une délicatesse brutaliste hypnotique. Les épaules sont extra-larges, avec des airs de cintres, les tailles sont extrafines, les jambes interminables, le combo est à la fois très graphique et poétique, et des traînes et de grands gants noirs parachèvent un vestiaire de chevaliers de l’Apocalypse. Si le monde tend toujours plus à l’uniformisation, Rick Owens réaffirme constamment la singularité de l’être humain, et le droit d’être différent, radicalement.