Si la mode est plutôt un sport d’urbains, elle aspire toujours plus à l’échappée, avec pour effet collatéral une prégnance croissante d’éléments en provenance du sportswear et de l’outdoor. Non sans conscience de la menace climatique. Aperçu des défilés du week-end.
Végétal geek
C’est exactement ça, s’est-on dit après quelques passages : Jonathan Anderson est gonflé, au sens propre comme figuré. A chaque collection, l’Irlandais irrigue la vénérable maison espagnole Loewe de son audace arty avec une autorité passablement impressionnante. Cette fois, certains végétaux semblaient comme pousser sur des vêtements et des chaussures. En amont du défilé, on avait reçu un carré de cresson, on s’est demandé pourquoi, et pareille idée ne nous aurait jamais traversée. Après le show, Anderson expliquait avoir collaboré avec une artiste espagnole, Paula Ulargui Escalona, qui expérimente la culture des plantes sur des tissus. Celles utilisées pour le défilé ont été cultivées pendant vingt jours dans un tunnel de polyculture. L’effet est ultrapoétique, célébration du vivant sur le vivant.
Le décor du défilé, dans le XVIe arrondissement de Paris est tout l’inverse : une colline blanche, immaculée, aseptisée. Le bip-bip-bip, vraisemblablement celui de machine, qui ouvre le défilé donne la piste de la technologie. Et de fait, on voit bientôt apparaître des mannequins aux visages mangés par des sortes de masques à mi-chemin entre casque de réalité virtuelle et casque de soudeur. Des images y défilent,