On a tellement pris l’habitude de voir la Fashion Week débuter dans la cohue voire la gesticulation que la tranquillité auréolant le défilé de Mame Kurogouchi organisé chez Ogata, restaurant gastronomique japonais, situé dans le Marais à Paris, joue la dissonance et calme le rythme cardiaque. La petite jauge du lieu et le rythme lent, tendance pas feutrés, permet de scruter le vêtement, le jacquard et ses motifs floraux, le travail sur les tissages et les broderies.
Maiko Kurogouchi, à la tête du label Mame Kurogouchi («mame», son surnom enfant, signifie «haricot» en japonais), est une célébrité au Japon, «aussi populaire qu’Isabel Marant l’est ici», nous précise un collègue qui a étudié le sujet. Sa collaboration avec Uniqlo confirme la popularité de la dame de 38 ans. La collection présentée mardi a fait un long voyage, partie, du point de vue de l’inspiration, des rives d’Imari, région réputée pour ses céramiques depuis le début du XVIIe siècle. Maiko Kurogouchi s’inspire du travail des artisans sur les porcelaines, des défauts de la matière – l’imperfection est une véritable philosophie dans la culture japonaise – et de la quête du blanc idéal des premiers potiers. Il est immaculé sur une longue et ample robe au décolleté en v et aux manches resserrées aux poignées, en coton blanc sur un top à l’esprit débardeur joliment décolleté dans le dos associé à un pantalon large à la taille haute blanc cassé. Outre la finesse des tissages et la maîtrise des jacquards, un joli travail est mené sur les motifs (une baie japonaise est imprimée sur un pull près du corps bleu et blanc, ou se dessine en transparence sur un top noir) et des motifs floraux apparaissant en relief, notamment sur une jupe en denim.
Grandes largeurs
Une tendance qui se dessine entre Tokyo et New York, c’est l’oversize et les longueurs à n’en plus finir qui allongent la silhouette. On retrouve cette même envie d’envelopper le corps dans le vêtement chez The Row. Moins rigoriste que ce qu’on a pu voir dans le passé, la mode des sœurs Olsen reste ultra-classique mais se permet des croisements vers le vestiaire sport et les tissus techniques (sur un grand imperméable transparent zippé couleur camel ou une longue cape à capuche dotée d’une grande poche à la poitrine).
On sent la quête de la coupe parfaite : dans ce trench au bleu si profond qu’il se confond avec le noir, dans l’allure d’un pantalon à pinces bien ceinturé gris anthracite porté avec un pull rouge vif ou un manteau sombre aux larges épaules. Ces indispensables permettent de braver toutes les situations pour la citadine qui aime piocher dans le vestiaire masculin. La recherche de confort est perceptible dans l’amplitude des silhouettes comme les matières, à l’image de ce pantalon en soie ivoire. Cette saison, outre des ballerines au quadrillage rappelant le plastique, The Row chausse ses modèles de claquettes en éponge douce façon hôtellerie de luxe qui laissent entrevoir des bagues dorées taillées pour les doigts de pied.