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Prêt-à-porter

Fashion Week: où en est la mue de l’homme?

Les défilés dédiés aux collections du prêt-à-porter masculin du printemps-été 2023 débutent ce mardi à Paris. L’occasion de faire le point sur un vestiaire en pleine évolution.
Lors du défilé Moschino (printemps-été 2023) à Milan, dimanche. (Nicola Marfisi/AP)
publié le 21 juin 2022 à 8h15

Le mouvement est net depuis une poignée d’années : le vestiaire masculin est en pleine mutation, avec une offre toujours plus importante et variée qui fait écho aux évolutions sociétales en cours. La question du genre et de sa fluidité, notamment, accroît le champ des possibles. Avoir l’air d’un «bonhomme» est pour de bon (enfin !) tombé en désuétude et s’approprier des éléments traditionnellement attribués aux femmes comme les motifs floraux, les couleurs pastel, les transparences, mais aussi la jupe, la robe, les ongles vernis, le maquillage, les bijoux, les sacs à main, n’est plus considéré d’une folle excentricité propre au podium, ni forcément gay. La précédente salve parisienne dédiée au prêt-à-porter masculin l’a attestée, on anticipe et espère bien que celle qui commence ce mardi enfoncera le clou de cette effervescence – qui profite aussi aux femmes, autorisées depuis longtemps à piocher chez les hommes. Au programme : 39 défilés, 37 présentations physiques et huit en version numérique.

Il sera notamment intéressant d’observer comment le costume poursuit son évolution. Il a perdu un grand allié avec la disparition de Virgil Abloh, qui excellait à le moderniser chez Louis Vuitton, et le tandem streetwear-sportswear, antinomique du formalisme auquel on l’associe spontanément, est ces temps-ci tout-puissant. Mais les défilés milanais (qui précèdent systématiquement les salves parisiennes) l’ont montré, le tayloring reste un terrain de jeu et d’expérimentation prisé des designers, on en trouvait jusque dans les marques les plus cool – mention à la collection Erdem qui en a fait une démonstration en version bohème à tomber. Pour Paris, on fait d’ores et déjà confiance à Véronique Nichanian chez Hermès, Kim Jones chez Dior, Hedi Slimane chez Celine, Yohji Yamamoto, Paul Smith, Dries Van Noten, Lemaire, Thom Browne ou encore Charaf Tajer chez Casablanca, pour nous prouver l’éventail de ses possibilités, du «power suit» pour cadre bancaire au fêtard bling. Sachant qu’il devrait côtoyer aussi bien le crop-top que le short, dans un vestiaire toujours plus hybride et pluriel.

Et quid de la planète ? La question environnementale (et, partant, l’écoresponsabilité) prend une importance croissante dans la mode, mauvaise élève notoire, notamment en matière de pollution et de gaspillage. Cette Fashion Week (qui intervient juste après un épisode de canicule) devrait abonder en bonnes résolutions, côté matières notamment – le coton et le lin, matières reines de l’été, devraient avoir la part belle. Marine Serre, elle, en a déjà fait tout un programme, appliqué dès le départ à sa marque. Cette figure de proue de l’upcycling fait là son entrée dans le calendrier masculin, et son défilé (samedi 25 juin) figure parmi les plus attendus. D’autant qu’il est ouvert au public, sur réservation et gratuitement. Mais il affiche déjà complet…