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Ferrari, tenues de route

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La marque automobile italienne s’est offert un défilé, tout en bling et en enjoliveurs, en marge de la fashion week de Milan.
A Maranello, en Italie, le 13 juin 2021. (Remo Casilli/Reuters)
par Benjamin Simmenauer, professeur à l'institut français de la mode
publié le 25 juin 2021 à 22h17

Ferrari, la marque automobile mythique, a défilé le 12 juin. Aucun bolide en vue à l’usine de Maranello (Italie), qui s’est changée en podium pour une présentation de mode printemps-été 2022. Les éléments de langage de Ferrari, sagement repris par la presse, imitent ceux des maisons de couture : cette première collection se veut un «hommage» à l’héritage de la griffe au cheval cabré, on insiste sur les «codes» classiques de Ferrari, sur l’inspiration que le directeur artistique, Rocco Ianonne (ancien de Dolce & Gabbana et Armani), a trouvé dans «l’exploration des archives», sur le «savoir-faire artisanal», le subtil mélange d’«élégance» et de «décontraction».

On peine à associer ces descriptions à la réalité. D’énormes logos côtoient des imprimés enjoliveurs et des images de petites voitures rouges, des bandes fluo claquent de partout, et de tout cela une silhouette massive, pas vraiment allurée, émerge. Ferrari s’inspire du maximalisme ambiant (évoquant Philipp Plein, qui avait pourtant été assigné en justice par le constructeur italien pour attentat à l’image de marque) mais en livre une version schématique, géométriquement rationalisée en lignes et aplats de couleurs primaires. Du point de vue de la création de mode, ce traitement naïf de l’esthétique bling présente un intérêt limité. Il est aussi étrange, tandis que les défilés sont contestés par l’industrie elle-même, d’adopter ce modèle de promotion. Peut-être la finalité vé