«Prenez mes idées, j’en aurais d’autres», clamait, vaniteuse et lucide, Gabrielle Chanel. Née en 1883 à l’hospice de Saumur et morte au Ritz le 10 janvier 1971, il y a cinquante ans, «Mademoiselle» est restée célèbre pour ses diatribes et son caractère acariâtre. La légende qui l’entourait a presque fait de l’ombre à sa mode. On connaît finalement moins son parcours stylistique, malgré le succès contemporain de Chanel, toujours aux mains de la famille Wertheimer. Gabrielle Chanel, manifeste de mode, l’exposition du Palais Galliera, inaugurée en octobre dans un musée rénové après deux ans de travaux (lire ci-contre), et rapidement fermée pour cause de Covid, est consacrée au travail de la couturière, ce qui permet de revenir – enfin – au cœur du sujet : la création, jamais vue avec autant de précision dans son ensemble (350 pièces sont présentées à Galliera). Et l’occasion, qu’on espère à nouveau possible d’ici au 14 mars, de les voir alignées, rassemblées, confrontées.
Le musée Galliera explore les deux grandes périodes de sa carrière : les années d’avant-guerre et celles qui suivirent son retour à Paris, en 1954. Sa vie, qui a nourri tant de livres et de documentaires, est mentionnée en filigrane sur une longue timeline où figurent les grandes dates de son existence et notamment cette année 1944 où elle fut brièvement arrêtée au Ritz par les forces françaises pour s’expliquer sur sa liaison avec le baron von Dincklage, officier allemand à la solde