Marqué à jamais par la bombe atomique larguée le 6 août 1945 sur Hiroshima, sa ville d’origine, alors qu’il n’avait que 7 ans, Issey Miyake s’est longtemps refusé à relater cette tragique expérience. Il s’est construit autrement. Mais comme beaucoup le soulignent au Japon, il s’est éteint pile au moment des commémorations des bombardements nucléaires sur Hiroshima et Nagasaki, à 84 ans. «J’avais décidé de ne pas parler de la bombe atomique, pour ne pas être qualifié de styliste pika-don», mot japonais symbolisant le flash vu et le bruit entendu au moment de l’explosion. «Je jugeais pathétique d’utiliser la bombe atomique comme une excuse», ajoutait-il.
Avant de se résoudre, il y a quelques années, à la nécessité de dire publiquement cette horreur, estimant alors que «le monde pourrait un peu changer si une personnalité qui conserve des séquelles des radiations, racontait son histoire». Et c’est peut-être le seul moment où, dans un entretien au quotidien Yomiuri en 2015, il a détaillé son drame : «J’ai développé une périostite due à une exposition aux radiations lorsque j’étais en quatrième année à l’école primaire. Certaines personnes sont mortes de cette maladie, mais j’ai été sauvé par la pénicilline. Ma mère (fortement touchée par les radiations) m’a soigné pendant que je luttais contre la maladie et est décédée peu de temps après l’amélioration de mon état.»
S’échapper des conventions
Issey Miyake a été pendant un demi-siècle un des créateurs d’avant-garde