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Libération
Disparition

Le couturier français Claude Montana prend le large

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Connu pour la carrure puissante et dramatique de ses créations, notamment les épaules démesurées de son vestiaire, le styliste est mort ce vendredi 23 février à l’âge de 76 ans.
Le couturier Claude Montana, chez lui à Paris en mars 1978. (Guy Marineau/Penske Media via Getty Images)
publié le 23 février 2024 à 18h50

La rumeur et une multitude de questions le concernant bruissaient dans le microcosme de la mode parisienne ces dernières années : que devient-il ? Dans quel état est-il ? Est-il seulement bien entouré ? Claude Montana, créateur génial apparu au mitan des années 70, se faisait plus que discret depuis la fin de sa carrière au début des années 2000. Le petit homme à l’éternelle chevelure blonde a marqué la mode pour une silhouette devenue majeure : des épaules démesurées, et une carrure de femme dramatique et puissante. «Une largeur d’épaules de 60 centimètres, on n’avait jamais vu ça», relève Alexandre Samson, le responsable des départements haute couture et création contemporaine du Palais Galliera, à Paris. Toute la première partie de sa carrière, qui le voit grimper les marches du succès, est centrée sur des créations en cuir, sa matière fétiche, qui dérive pour une partie des critiques américaines vers une garde-robe très néonazie. On l’accuse aussi à ses débuts de misogynie, lui reprochant la violence de son regard sur la gent féminine, et à mots couverts ses emprunts à la culture gay.

«A travers sa mode, il exorcisait sa timidité»

Montana est un sculpteur et un architecte qui aime façonner des allures à la serpe. Cette tension qui émerge de sa création provient d’un paradoxe : une timidité presque maladive et un manque d’assurance qu’il tentera de masquer sous des couches de produits illicites. «A travers sa mode, il exorcisait sa timidité», estime Axelle Doué, l’une de ses mannequins fétiches. Né en 194