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Interview

«Le genre de la jupe est encore un débat très occidental»

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Professeur d’histoire à l’IFM, Julien Baulu rappelle que la jupe, que l’on considère aujourd’hui comme féminine, a longtemps été un incontournable du vestiaire masculin.
Lors de la présentation des jupes créées par les étudiants de l'IFM à l'occasion du «Kiddy Smile Challenge», à Paris, le 29 novembre 2022. (Cyril Zannettacci/VU' pour Libération)
publié le 3 décembre 2022 à 14h42

Les hommes porteront-ils un jour la jupe comme au bon vieux temps antique où la tunique était massivement de rigueur ? Julien Baulu, professeur d’histoire à l’Institut français de la mode à Paris, revient pour Libération sur notre rapport à ce vêtement moins genré qu’on pourrait le penser.

Porter la jupe ne semble pas être un acte militant pour vos étudiants de première année

Le projet avec Kiddy Smile permet de voir à quel point ils sont libres. Je les envie beaucoup de ne pas vouloir faire un statement [une déclaration, ndlr] en portant des vêtements féminins. Il faut tout de même souligner qu’une école de mode est un incubateur avec une grande liberté d’esprit. A la Défense, on voit peu de jupes… Nous sommes là pour leur rappeler qu’avant eux, des gens ont fait en sorte qu’on puisse en arriver là. En 1985, Jean Paul Gaultier a fait porter des jupes à ses modèles masculins dans sa collection «L’homme objet», un contrepoint au cliché de la femme objet.

Pourtant, la jupe a longtemps été une affaire aussi masculine que féminine ?

Oui et c’est encore un débat très occidental. Au temps de la Grèce antique, les hommes portaient le chiton, une tunique très simple qui se ferme à l’épaule et qui peut être ceinturée au niveau de la taille ou de la poitrine. Les Etrusques s’habillaient en tunique, en Asie du Sud-Est et en Inde, on en a toujours porté. Au Moyen Age, le surcot est important. A la Renaissance, aux XIVe et XVe siècles, le développement du