Cela fait maintenant plus d’un an qu’on nous l’explique : le look Y2K (pour «Year 2000», l’an 2000) est de retour. Après avoir été moquées en leur temps pour leur mauvais goût, les silhouettes associant crop tops, pantalons taille basse, lingerie apparente et sac bijou porté à l’épaule sont à l’honneur sur les podiums et dans les magazines de mode. Même Paris Hilton a été exhumée pour défiler cette saison chez Versace. Des marques comme Diesel reviennent au premier plan avec un denim délavé qui avait complètement disparu des radars. L’explication qui revient le plus fréquemment n’est pas très convaincante : en vertu d’un mécanisme obscur, les styles que l’on a rejetés reviendraient tout seuls en grâce au bout d’un cycle d’une vingtaine d’années. Mais pourquoi les adolescents de 2022 seraient-ils nostalgiques d’une époque qu’ils n’ont pas connue ? A y regarder de plus près, le retour des années 2000 n’est qu’une partie d’un tableau d’ensemble beaucoup plus étendu, au sein duquel les réseaux sociaux et leurs influenceurs jouent un rôle essentiel.
Enquête
Les effets d’Instagram, de YouTube et de TikTok sur la mode ne sont pas seulement quantitatifs, permettant la diffusion d’images de tenues et de produits à une échelle historiquement inédite, mais aussi qualitatifs : si ces plateformes ne déterminent pas directement l’évolution des