Lord Waheed Alli, ancien président du site d’habillement grand public Asos, sait mieux qu’un autre que l’allure compte dans le business comme en politique. Donateur régulier du Labour britannique, membre de la Chambre des Lords où il siège en tant que pair à vie pour le Parti travailliste, musulman ouvertement homosexuel, l’homme d’affaires, dont la fortune est estimée à près de 200 millions de livres (près de 236 millions d’euros), a octroyé, selon le Sunday Times, 18 685 livres de frais vestimentaires à Victoria Starmer, la femme du Premier ministre britannique, soit 22 130 euros. Des vêtements, plusieurs paires de lunettes, mais aussi des retouches et le service d’un styliste personnel, chargé d’habiller Victoria Starmer pendant la campagne électorale et après la nomination de son mari.

Waheed Alli a également dépensé 20 000 livres, soit 23 600 euros, pour l’hébergement de Keir Starmer pendant les élections et une somme identique pour des frais de bureau. Le Premier ministre n’aurait déclaré les frais concernant la garde-robe de sa femme que mardi, le 10 septembre, et aurait donc enfreint les règles parlementaires qui l’obligent à indiquer officiellement les dons dont il bénéficie dans le registre d’intérêts des députés, dans un délai de vingt-huit jours. Une enquête a été ouverte.

Invité de l’émission Sunday with Laura Kuenssberg sur la BBC, David Lammy, le ministre des Affaires étrangères, a déclaré que Keir Starmer avait accepté des dons pour payer ses vêtements et ceux de sa femme afin qu’ils puissent «se montrer sous leur meilleur jour» pour le peuple britannique. Lammy a ajouté : «Les premiers ministres successifs – à moins d’être milliardaire comme le dernier – comptent sur les dons politiques pour se montrer sous leur meilleur jour.» Très observée, Victoria Starmer, 50 ans, ancienne employée d’un cabinet d’avocats avant de rejoindre le service juridique du National Health Service (NHS), avait choisi une robe rouge de la marque londonienne Me + Em à son arrivée au 10, Downing Street, d’une valeur de 275 livres sterling, soit 325 euros.

La polémique monte au Royaume-Uni, où Keir Starmer, nommé Premier ministre le 5 juillet, est critiqué pour ses liens avec Alli, dont l’influence dépasserait celle de la plupart de ses ministres, selon le Sunday Times. A la fin du mois d’août, le journal britannique révélait que Keir Starmer avait permis à Waheed Alli de bénéficier d’un laissez-passer («N°10 security pass») pour accéder à Downing Street, résidence et lieu de travail du Premier ministre, sans que cette faveur soit justifiée.