En 2002, Andrew Reddyhoff, un Québécois d’origine américaine au crâne dégarni, ingénieur en quête d’excentricité, sort de chez lui avec des sabots en plastique au pied. Il vient de fabriquer ces drôles de chaussures avec son binôme Marie-Claude de Billy, chimiste comme lui. Leur aspect caoutchouteux (elles sont fabriquées avec une résine faite à partir d’éthylène-acétate de vinyle, le Croslite) permet de les nettoyer facilement, de les porter à l’intérieur ou au grand air. Il les baptise Crocs et choisit le crocodile comme logo. Les voisins de Reddyhoff ricanent. Il se fait chambrer allègrement et ce n’est que le début. Mais malgré leur aspect ludique et peu commun, 76 000 paires sont écoulées en 2003. Les rires se font moins gras.
En 2006, les chiffres explosent, avec 20 millions de Crocs vendues, mais leurs inventeurs ne sont déjà plus de la partie : ils ont revendu leur marque, un an à peine après son lancement, à un investisseur américain installé au Colorado. Dès leur création, le Time rendait hommage à Marie-Claude de Billy et Andrew Reddyhoff en classant la Crocs parmi les pires inventions du monde.
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Vingt ans après leur apparition, les Crocs font donc partie du patrimoine de l’humanité kitsch. Qui n’en a jamais porté ne peut comprendre l’attachement des aficionados qui vantent leur côté pratique et leur confort, sans parler d’une part de charge mentale (vestimentaire) qui s’évapore, le porteur ou la porteuse de Crocs ne se souciant guère du qu’en-dira-t-on. Facil