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Billet

Les Rolex, perpétuel parfum de scandales

La polémique sur les montres de luxe de la présidente péruvienne Dina Boluarte rappelle que la marque suisse reste l’un des biens positionnels les plus clivants.
La présidente péruvienne Dina Boluarte, à Lima (Pérou), le 22 février. (Luis Iparraguirre/Peru Presidency via Reuters)
publié le 2 avril 2024 à 19h20

La Rolex aura toujours un parfum de scandale. Dina Boluarte, la présidente péruvienne, l’a appris à ses dépens. Elle est sommée de présenter à la justice ses montres de luxe non déclarées. Pour ne rien arranger, six de ses dix-huit ministres ont annoncé lundi 1er avril leur démission. Ce que la presse locale a surnommé «l’affaire Rolex» ou «Rolexgate» n’est malheureusement pas un cas isolé. En France, l’année 2007 a été marquée par les critiques concernant le style de vie trop bling-bling du président Sarkozy. Il avait fêté sa victoire électorale sur le yacht de Vincent Bolloré et flambait Rolex au poignet. «Comment peut-on reprocher à un Président d’avoir une Rolex ? Nicolas Sarkozy aime les Rolex, et alors ? Tout le monde a une Rolex. Si à 50 ans on n’a pas une Rolex, c’est qu’on a quand même raté sa vie», s’indignait le publicitaire Jacques Séguéla dans sa défense maladroite de l’ex-président.

Presque deux décennies plus tard la punchline de l’ancien stratège en communication de François Mitterrand illustre parfaitement la déconnexion entre les élites et le peuple quand on sait qu’une Rolex neuve coûte entre 5 000 et 100 000 euros. Par ailleurs, l’an dernier Rolex France a été condamné à une amende de plus de 91 000 euros pour avoir interdit à ses distributeurs de vendre ses tocantes en ligne pendant plus de dix ans.

Biens positionnels

Si les divinités du mont Olympe se nourrissent de nectar et d’ambroisie, la Rolex est la parure des pharaons de notre époque. Les personnalités politiques, les sportifs de haut niveau comme Roger Federer et sa Oyster Perpetual Cosmograph Daytona Le Mans lors de la dernière cérémonie des oscars, les rappeurs comme Damso offrant la sienne à la fin d’un concert, ou les autres grandes fortunes mondialisées l’arborent. Elle est l’un des biens positionnels – terme popularisé par l’humoriste David Castello-Lopes désignant les objets permettant de montrer son statut social – les plus reconnaissables et donc sulfureux.

L’horloger suisse, reconnu mondialement, incarne la quintessence du luxe et de la sophistication dans l’univers de l’horlogerie. Les critiquent aboient. Indifférente, la Rolex roule des mécaniques, se nourrit des scandales, signe de sa désirabilité, et continue d’être cette faiseuse de roi qui incarne avec insolence l’éternité et la toute-puissance.