La fortune de Pierre Cardin, mort le 29 décembre 2020 à l’âge de 98 ans, est au cœur d’une bataille judiciaire à plusieurs entrées. Elle oppose Rodrigo Basilicati-Cardin, petit-neveu du grand couturier, aux autres membres de la famille (vingt-deux personnes au total). Sans descendant direct et n’ayant pas laissé de directives claires à son notaire avant sa mort, l’ensemble de ses nièces et petits-neveux et petites-nièces pouvait prétendre à une part de l’héritage.
En 2022, coup de théâtre, lorsque Rodrigo Basilicati-Cardin, qui a pris la tête du holding Pierre Cardin Evolution à la mort de son grand-oncle, dit avoir retrouvé un testament en sa faveur dans l’appartement du couturier, situé dans l’immeuble voisin du siège du groupe, avenue Marigny, à deux pas du Palais de l’Elysée. La note, retrouvée sur une feuille volante, fait de lui le seul héritier. Dans ce document, découvert le 10 novembre 2016, au lendemain d’une offre de rachat du groupe pour 800 millions d’euros, on peut lire (retranscrit tel quel) : «Ce jour, 10 novembre 2016. Ma dernière volonté est de faire Héritier de toute ma fortune et biens - Immeubles - propriétés - espèces % Royalties - future sur la marque P.C - solde de banque etc - (Fortune) Cardin et Maxim’s. Tout ce qui concerne Pierre Cardin et Maxim’s à mon neveu Rodrigo Basilicati. Et annul toute autre volonté à lui de distribuer à ma famille et personnel. PC (flèche) et (plusieurs mots raturés) Voir notaire Bailly - PARIS.»
«Victoire de la famille Cardin contre les ambitions de Rodrigo Basilicati»
Dix-sept descendants de Pierre Cardin ont porté l’affaire devant les tribunaux, estimant qu’il ne s’agissait pas d’un testament digne de ce nom. Un arrêt de la cour d’appel de Paris rendu ce jeudi 25 janvier confirme une ordonnance de référé qui avait refusé l’envoi en possession du petit-neveu de l’universalité de la succession de Pierre Cardin, car il existe un doute quant à la validité de la signature du testament. Rodrigo Basilicati-Cardin ne peut donc pas aujourd’hui être le seul bénéficiaire de la succession.
La cour considère que le simple paraphe «PC» ne peut être considéré comme une signature valable, entendu comme l’approbation définitive et personnelle de l’auteur du contenu de l’acte, faute d’être apposé à la suite de l’acte. «C’est une victoire de la famille Cardin contre les ambitions de Rodrigo Basilicati, qui voulait s’approprier l’héritage», se réjouissaient jeudi Alain Toucas-Massillon et Alexandre Humbert Dupalais, les avocats de Régine Cardin, cousine de Rodrigo Basilicati-Cardin et petite-fille de Giovanna, sœur de Pierre Cardin. Rodrigo Basilicati-Cardin peut encore se pourvoir en cassation.