Non, il n’est pas futile de s’intéresser aux choix vestimentaires des candidats à l’élection présidentielle. Des études de psychologie expérimentale établissent en effet que l’apparence physique est un facteur de préférence électorale. Les politiques ont aussi intérêt à soigner leur look pour une raison sémantique : la manière dont on est habillé dit qui on est, ce qu’on pense, et ce qu’on veut. Les inférences déclenchées par la tenue sont le plus souvent inconscientes, mais leur existence est attestée par de simples protocoles expérimentaux, qui montrent que des qualités morales, sociales ou intellectuelles différentes sont attribuées à la même personne en fonction de son accoutrement.
Considérons les forces en présence en 2022. Le tableau d’ensemble est affreusement monotone : le costume cravate y semble une norme indépassable, alors que la société l’a en majorité abandonnée. Supposons que nous ne sachions rien des courants représentés : pourrions-nous reconstituer l’échiquier politique à partir des seuls costumes des prétendants à l’Elysée ? Marine Le Pen, Valérie Pécresse et Anne Hidalgo optent pour le même ensemble veste, top, pantalon. Seules changent la couleur de la veste (bleu marine pour Le Pen et Hidalgo, variable pour Pécresse) ou la forme du col (rond pour Pécresse e