C’est au Liban qu’Emmanuelle Durand a eu envie d’enquêter sur les fripes. Confrontée à «un paradoxe», la multiplication des échoppes de seconde main à Beyrouth malgré des représentations négatives accolées aux vêtements d’occasion, l’anthropologue, rattachée à l’Ecole des hautes études en sciences sociales, a voulu savoir comment s’organisait ce grand marché et surtout d’où venaient ces rebuts textiles, qui pour certains finissent dans des décharges à ciel ouvert en banlieue des métropoles libanaises. De cette enquête ethnographique sur les filières internationales de la seconde main, présentée comme une solution à la surproduction de vêtements, est né L’envers des fripes, publié en mars aux éditions Premier Parallèle. Dans cet ouvrage, l’enseignante à l’Ecole nationale supérieure d’architecture de Versailles s’emploie à «gratter le vernis écologique de la fripe» tout en redonnant de l’épaisseur historique et économique à ce marché en plein essor depuis une quinzaine d’années.
D’où viennent nos fripes ? Quel est leur parcours ?
Les fripes qu’on peut trouver en vente en France proviennent en grande partie des bennes de collecte