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Défilé

Mode : Jacquemus, raphia à ravir

Le designer provençal présentait ce lundi au Bourget sa nouvelle collection mixte, irriguée par cette fibre naturelle. Le résultat est plein de charme.
Au défilé Jacquemus, lundi. (Jacquemus)
publié le 12 décembre 2022 à 20h47

Défiler, résolument et joyeusement, hors calendrier : c’est le parti pris de Simon Porte Jacquemus depuis 2020. De fait, ça marche. Ses shows, qui interviennent hors du marathon des fashion weeks, bénéficient d’un regard moins las et donc plus enthousiaste. Et comme lui-même et sa mode sont tournés vers la sensualité et l’optimisme, le combo a un potentiel good vibes maximal. Il s’est vérifié ce lundi avec une destination pourtant moins glamour que les précédentes (champ de lavande, calanque, carrière de sel…) : la banlieue parisienne, en l’espèce Le Bourget, Carrefour Charles Lindbergh, Porte O. Alors que le thermomètre affichait -1°C, qu’on (hormis les influenceuses semi-vêtues en Jacquemus) gardait manteaux et écharpes pour assister au défilé organisé comme une ronde dans l’immense hangar, la collection mixte a fait l’effet d’une bouffée de soleil et de légèreté, boosteuse de moral.

Déjà, il y a cette fibre, simple, pauvre mais pleine de ressources, qui tombe du ciel sur l’assistance et qui donne son intitulé à la collection, «le Raphia». Elle l’irrigue, en franges décoratives, en broderies, en tissages, en bustier, en plastron, jusqu’aux chapeaux XXXL (bob, forme paillote, cape…), en passant par les sacs. Mention aux énormes boucles d’oreilles tournesols. L’effet est poétique, souvent ravissant, par exemple sur un immense manteau, on dirait de la fourrure. Alors, le raphia est cultivé dans des zones tropicales humides, notamment à Madagascar. Mais Jacquemus en est un adepte de longue date, et le raphia rappelle la paille si commune dans sa Provence natale. La collection réussit d’ailleurs un mix entre charme pastoral, sexy à la précision couture et échos ethniques véhiculés par des imprimés et certaines coupes – la jupe paréo.

Côté femme, l’heure est toujours à l’éloge du corps, pourquoi pas opulent. Il est souligné, drapé, souvent découvert (par des asymétries, des transparences, des crop-tops, des minirobes, des minijupes…), souligné de brides et cordes ultrafines, nouées dans le dos comme un appel à défaire. Les coupes comme les tombés sont très précis. Le beige, couleur maison, est omniprésent, mais ponctué de salves de noir, jaune, orange, rose shocking. Un nouveau sac, grosse spécialité maison (cf. le succès massif du Chiquito), jalonne les passages, du nom de Bisou…

Côté homme, le gadjo porte de grandes chemises à immenses poches et col marin, des pantalons couverts par des tabliers, des larges jeans comme reprisés et taille basse, qui laissent apparaître le caleçon, un minishort, un beau polo cropé rouge orangé et beige, un costume magenta fluide et souple comme la soie, des sacs à main, un gilet parme… Ils sont doux. Raccord avec Jacquemus qui fait un cœur avec les doigts quand il vient saluer (en courant). Bisou, bisou !