Zoubida : prénom féminin tombé en désuétude d’origine amazigh (berbère), sujet à moquerie des deux côtés de la Méditerranée. En France, il porte le stigmate d’une chanson parodique de Vincent Lagaf’. Resté onze semaines (non consécutives) à la première place du top 50 français en 1991, le titre caricatural raconte les déboires d’une jeune femme maghrébine empêchée par ses parents d’aller en discothèque à Barbès. Le nom devient, au fil temps, un stéréotype sur les femmes d’ascendance maghrébine. De l’autre côté de la Méditerranée, il désigne une meuf en surpoids, rustre, éloignée des canons esthétiques de la société moderne. Qu’à cela ne tienne. Sophia Kacimi, la créatrice de la marque Zoubida, s’amuse des codes. Son label propose, avec une esthétique léchée et résolument moderne, un tissu old school dont elle détourne l’usage : le «tlamt». Une étoffe en jacquard d’ameublement, traditionnellement utilisée au Maroc pour recouvrir les canapés et les coussins et qui sert de rideaux pour les salons. Sa «madeleine de Proust», dit-elle.
Se réapproprier ses racines culturelles
Pour la gamine originaire de Toulouse à la darija (arabe dialectal) approximatif, qui passait ses grandes vacances dans l’Atlas, «Zoubida, c’était une expression que ma tante Aïcha prononçait à tout bout de champ. J’ai interprété ça comme une expression à utiliser quand les choses ne passent pas comme prévu et qui voulait dire : “ce n’est pas grave, c’est la vi