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Libération
Le Portrait

Sébastien Jondeau, dans la «Karlingue»

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Le garde du corps de Lagerfeld raconte sa découverte d’un monde inconnu et ses échanges avec le couturier.
Sébastien Jondeau, le 28 janvier. (Lucile Boiron/Libération)
par Marie-Dominique Lelièvre et photo Lucile Boiron
publié le 14 février 2021 à 18h12

C’est lui qui a passé la commande, pizza à la truffe, mousse au chocolat fleur de sel. La vaisselle et les couverts sont en époxy, le menu est noir. Il a tombé le masque noir. On est dans les bureaux de la marque Karl Lagerfeld pour laquelle il a conçu une ou deux collections capsules. Dans son dos, un portrait de KL par Murakami. A main gauche, KL par Mondino et une kyrielle de mascottes Karl by Tokidoki. Deux ans après la disparition de Karl Lagerfeld, celui qui fut son assistant-chauffeur-bodyguard publie ses mémoires rédigées avec l’élégante chroniqueuse Virginie Mouzat. Une sorte de Sabrina ou de Prince et la Danseuse, ou la métamorphose d’un bad boy au contact d’un Very Famous.

«J’étais son tapis volant», dit Sébastien Jondeau. 100 % de ses déplacements en extérieur, Karl Lagerfeld les faisait avec lui. Il a recueilli ses dernières paroles à l’hôpital américain : «C’est quand même con d’avoir trois Rolls et de finir dans une chambre pourrie.»

Dans l’ombre de Lagerfeld, Jondeau était muet. Conteur raffiné, il jongle avec des images savoureuses portées par la gouaille. «Grâce à Karl, je peux m’exprimer. Avant, je ne parlais pas.» Au gamin de la banlieue Nord, le job a apporté un butin lumineux : le langage. «Karl aimait la langue française. Avec son vocabulaire sophistiqué, il nous a tous éduqués», dit Eric Pfrunder, ex-directeur de la photo de Chanel. Lors de la signature du livre à la librairie Galignani, de jeune