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Fibre

Teintures végétales : les patines artistiques de Sandrine Rozier

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La designer, qui a fait sa renommée avec ses teintures naturelles de textiles au théâtre ou à l’opéra, prépare les costumes de la méga production «Astérix, l’empire du Milieu». Rencontre dans son atelier à Montpellier.
La designeuse textile Sandrine Rozier dans son atelier à Montpellier, le 28 octobre. (David Richard/Transit pour libération)
par Solange de Fréminville, correspondance à Montpellier
publié le 19 novembre 2022 à 16h03

C’est un monde où, au lieu de vêtements jetables issus de la pétrochimie, icônes de la société de consommation, chacun porterait des habits en matière naturelle, colorés de teintures végétales, et c’est ce monde que prépare Sandrine Rozier, designer textile. Au rez-de-chaussée de sa belle demeure montpelliéraine transformé en atelier, elle teint des tissus en laine, chanvre, lin ou soie, avec des colorants naturels à base de plantes. «C’est l’alliance des vivants», dit la designer, «tombée dans la marmite des teintures végétales il y a vingt-cinq ans».

Dans un panier en osier reposent des cocagnes de pastel, boules de feuilles compostées et séchées qu’elle plonge dans l’eau de la plus grande cuve pour en tirer des bleus indigo légers ou intenses. Température à 28° C, pH alcalin et son de blé réveillent les micro-organismes nécessaires à la solubilisation du colorant qui teint les tissus au fil des trempages, alternés avec des rinçages qui fixent la couleur. Une alchimie subtile approfondie au Japon auprès de maîtres teinturiers. Elle en a rapporté une œuvre d’art collective, des lés de ramie (ortie d’Asie) et chanvre aux harmonieuses nuances d’indigo, exposée dans son atelier.

Feuilles des indigotiers

«C’est un art très ancien, respectueux de la nature, qui n’est pas vue comme une ressource qu’on exploite, mais comme une alliée», souligne Sandrine Rozier. Pas question d’utiliser, pour sa propre production, les feuilles des indigotiers venues de lointaines contrées, d’autant qu’ave