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Interview

Ultra fast fashion : «On ne s’attaque jamais aux causes profondes : des inégalités délirantes et une culture de l’ostentation»

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Sans cautionner le modèle, désastreux, le philosophe et professeur à l’IFM Benjamin Simmenauer explique que la diabolisation de Shein revient à priver les plus pauvres d’un droit à la mode, moins superflu qu’il n’y paraît.
Le 5 mai 2023 à Paris. (Steven Tomas/Abaca)
publié le 12 mars 2024 à 21h07

Alors qu’une proposition de loi qui vise à «démoder la fast fashion» va être débattue jeudi 14 mars en séance publique à l’Assemblée nationale, le philosophe et professeur à l’Institut français de la mode (IFM) à Paris Benjamin Simmenauer scrute nos comportements vestimentaires autant que les méthodes diablement efficaces des enseignes de l’habillement et de l’ultra fast fashion pour accroître toujours plus le désir et leurs profits.

Dans cette contre-attaque vis-à-vis du géant chinois Shein, vous semblez percevoir une sanction à l’égard des classes populaires.

Shein apparaît comme le bon bouc émissaire, mais ce modèle qui délocalise la production, copie les maisons de mode très vite, et rend les gens addict, a été inventé par des Européens, et non par des Chinois. Eux ont juste amélioré le système. Historiquement, la mode était réservée aux riches : la saisonnalité, changer de style tous les six mois, était un privilège de classe. Et puis la fast fashion est arrivée [