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Mode responsable

Vers une teinture plus clean pour nos jeans ?

La production de jeans a un impact terrible pour l’environnement, notamment en raison des teintures utilisées pour leur donner leur couleur bleue. Une équipe de chercheurs nordiques ont mis au point une alternative plus saine.
Des hommes à demi-nus qui bousillent la planète avec leurs denims. (Christopher Anderson/Magnum photos)
publié le 28 février 2024 à 16h42

Brut, délavé, coupe droite ou slim… le jean est, depuis le siècle dernier, un incontournable du vestiaire mondialisé. On estime la production annuelle à plusieurs milliards de pièces pour un marché mondial évalué à 64,5 milliards de dollars (59,5 milliards d’euros) en 2022, selon la base de données Statista. Il n’en reste pas moins que cet article iconique pose un problème environnemental majeur qui serait en passe d’être – en partie – résolu par des chercheurs danois et islandais. Dans une étude publiée le 27 février dans la revue scientifique Nature Communications, ces scientifiques nordiques détaillent une nouvelle méthode qui permet aux pantalons rigides de garder leur emblématique couleur bleue en se passant de produits chimiques très agressifs, grâce à l’aide de l’indican, une molécule apparentée à l’indigo, mais plus clean.

Pour produire des jeans, les producteurs s’appuient jusqu’ici sur la teinture indigo, seule molécule reconnue à ce jour pour sa capacité à donner la couleur tant prisée des denims. Bien que l’indigo soit le dérivé naturel d’un arbuste, la demande toujours plus importante de jeans tout long du XXe siècle a favorisé l’émergence de l’indigo synthétique, qui est aujourd’hui le plus communément utilisé. «L’indican a le potentiel d’un impact plus doux sur l’environnement et d’être économiquement compétitif par rapport à l’indigo», affirment les chercheurs, qui ont breveté leur découverte sans l’avoir encore testée à grande échelle. Ils estiment toutefois qu’il est possible de produire de l’indican en quantité industrielle. Mais cela nécessiterait encore l’utilisation de produits chimiques. Par la suite, l’utilisation de la teinture serait plus simple. Il suffirait de dissoudre l’indican dans de l’eau et de l’appliquer sur le denim. Et enfin d’activer la couleur bleue recherchée à l’aide d’une enzyme ou tout simplement en l’exposant à la lumière.

L’impact environnemental (émissions de CO2, toxicité, utilisation d’eau et de terres etc.) de la teinture par ce procédé serait ainsi réduit de 73 % par rapport à la méthode traditionnelle en utilisant la lumière, voire de 92 % avec les enzymes, selon l’équipe de recherche nordique. Malgré cette avancée, le problème de la fabrication massive de denims reste entier puisqu’elle concerne 35 % de la production mondiale du coton, très gourmande en eau.