Il était une fois Chanel à Chenonceau, Celine à Chambord, Dior à Sammezzano : pour la saison 2020-2021, les maisons vont aux châteaux (fermés). Le vestiaire présenté s’aligne sur le décor : fraises, capes et hennins chez Chanel ; collerettes, pourpoints et bottes d’équitation chez Celine ; et chez Dior, manteaux de cour, velours et soies lamées. Partout, la même abondance de motifs, bijoux et broderies. Mais quel est le sens de ces collections enluminées ? Il y a deux interprétations.
Première hypothèse : on a sorti la carte «héritage». C’est ce qu’indiquent les inspirations des défilés : le tarot Visconti-Sforza conçu pour les ducs de Milan au XVe siècle (Dior), François Ier (Celine) et Catherine de Médicis (Chanel). Que le luxe d’aujourd’hui ressuscite, en images et symboles, l’Ancien Régime, ne doit pas surprendre : le luxe se définit par un mode de vie et un idéal aristocratique que les clients recherchent, peut-être inconsciemment. Mais ce n’est pas nouveau – voir les films Dior à Versailles, les défilés Vuitton au Louvre, etc.
Seconde hypothèse : nous sommes à nouveau à la fin du Moyen Age. Ce n’est pas la première fois, les romantiques déjà voyaient l’ombre du monde médiéval couvrir leur XIXe siècle. Le retour du refoulé médiéval arrive quand on se met à douter de la raison. Ce que la mode nous montre, ce n’est pas notre passé, mais un possible futur proche : la Renaissance. Et elle le fait grâce à une merveilleuse translation des vestiaires, par laquelle le legging se