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Familles

«Effacer mon nom, c’est effacer mon passé» : la transmission du patronyme, un choix qui en dit nom

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Qu’il soit lourd à porter ou témoin mémoriel, le nom charrie son lot de questions d’identités. Si une loi de 2022 facilite désormais l’adjonction d’un deuxième patronyme, de nombreuses femmes font toujours face aux failles juridiques d’un système qui privilégie celui du père.
Selon une étude de l’Ined de 2021, 81,5 % des enfants portent uniquement le nom de leur père. (Yevgen Timashov/Deepol. Plainpicture)
par Elisa Lenglart--Leconte
publié le 27 janvier 2025 à 11h51

Dans Patronyme, sorti début janvier, Vanessa Springora raconte la découverte d’une photographie laissant penser que son grand-père était nazi. Elle se plonge alors dans une quête pour comprendre l’homme dont elle porte le nom. Cette histoire démontre les enjeux d’héritage et d’identités camouflées derrière les noms de famille. Depuis la loi appliquée en 2005, il est possible de choisir quel nom transmettre à ses enfants : celui du père, de la mère ou des deux. Cependant, peu de Françaises et Français sortent de la norme du patronyme. Selon une étude de l’Ined de 2021, 81,5 % des enfants portent uniquement le nom de leur père. Auprès de Libé, des parents ayant fait un choix différent témoignent.

«Il était hors de question que mon fils porte mon nom, s’exclame Léonard (1). Quand j’étais enfant, chaque année il y avait des moqueries, je m’en prenais plein la gueule. Toute ma vie était cool, j’étais populaire, bon à l’école, mais je portais un nom à connotation péjorative, animalière.» Pour ce père de famille, le but n’était pas d’effacer volontairement un héritage, mais de protéger son fils : «Je n’ai pas hésité une seconde.» Un chemin aussi emprunté par Mathilde : «Un jour, sur le ton de la plaisanterie, j’ai demandé à mon conjoint : “On est d’accord que les enfants n’auront pas ton nom ?”» Dans son couple