Alors que vous avez mijoté avec amour un délicieux bœuf-carotte, votre petite dernière vous annonce qu’elle est devenue végétarienne et votre aîné déclare une aversion aussi soudaine qu’inexpliquée pour le légume orange. Vous regardez la cocotte, vos enfants ingrats, la table bien mise, et tout se mélange : à l’envie de leur faire plaisir se superpose le désir puissant de tout jeter par la fenêtre, votre vie avec. Entre le sentiment de responsabilité («Mon enfant doit manger équilibré») et l’éducation («Pourquoi il n’utilise pas son couteau/met encore ses coudes sur la table/parle la bouche pleine alors que ça fait dix ans que je lui répète ?»), le dîner en famille est chargé de ces injonctions peu reposantes. Faut-il céder aux caprices ? Forcer les enfants à terminer leurs assiettes ? A manger le salé avant le sucré ? A proscrire le grignotage ? A goûter de tout ? Et comment leur faire dépasser leurs appréhensions culinaires au-delà des coquillettes-jambon-beurre ?
«Même toute petite, Leïla refusait de manger de la viande. Ça ne passait pas. Elle mettait de côté les lardons de la quiche lorraine, ou bien elle ne mangeait que les légumes dans son assiette. On a compris assez vite que ça ne valait pas le coup d’insister», raconte Béatrice, mère de deux enfants (aujourd’hui 8 et 10 ans), qui vivent à Montélimar (Drôme). Après Leïla, c’est son fils Anton qui a décidé de suivre sa sœur